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  • Ceux qui restent confiants

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    Celui qui coupe toute relation non réciproque / Celle qui a lu quelque part que la société n'est plus un tout mais un tas / Ceux qui sont avec le peuple mais pas pour déjeuner / Celui qui s'efforce de "déculpabiliser" l'argent et plus encore le profit / Celle qui lévite au-dessus des lourdeurs du quotidien malgré ce qu'elle pèse en terme de salaire / Ceux qui croient encore (si,si) que lorsque croît le péril croît aussi ce qui sauve selonla parole d'un poète allemand oublié du nom de Friedrich Hölderlin / Celui qui refuse de laisse là toute espèrance et préfère donc ne pas entrer dans l'enfer même agréablement chauffé avec playlist d'ambiance / Celle qui dans ravaude le tissu social déchiré / Ceux qui butent sur le nouveau mur de l'argent / Celui qui voit l'avenir en mémoire vive / Celle qui baptise sa petite chienne Utopia / Ceux qui n'ont pas renoncé à changer le monde en commençant par l'eau des poissons qui pue la vieille idéologie / Celui qui se rappelle le temps où les vaches avaient un prénom genre Tulipe ou Rosemonde et point de microprocesseurs rivetés aux oreilles / Celle qui lance un réseau de promotion de la lenteur / Ceux qui résistent à l'acédie en combinant salsa et flûte à bec / Ceux qui se cherchent un nouveau "nous" qui ne soit point un "nounours" / Celle qui constate qu'il ne suffit pas de se lamenter sur la perte des valeurs pour valoriser celles-ci / Ceux qui sont en quête de passions partagées sonnantes et pas trébuchantes / Celui qui récuse la décroyance et non l'incroyance / Ceux qui renoncent à toute conviction au profit de prudents constats de pharmaciens chapons / Celui qui fait sa pelote dans peloton des pelotés hédonistes soft / Celle qui affirme que la Quête du Sens ne "fait plus sens" / Ceux qui n'entendentpas la forêt germer / Celui qui évite les ricanants / Celle qui était présente au colloque de l'UNESCO de 1999 où Garbriel Garcia Marquez dit Gano a déclar comme ça: "N'attendez RIEN du XXIe siècle, car le XXIe siècle attend TOUT de vous" / Celui qui se dit un battant dans un monde qui cloche en effet / Celle qui fait l'éloge des "perdants magnifiques" tout en savourant le caviar du Président / Ceux qui restent convaincus que la culture ne sert à rien qu'à donner du sens à la vie, etc.

    (Cette liste a été établie en marge de la lecture du dernier essai, revigorant, de Jean-Claude Guillebaud, paru récemment à l'enseigne de L'Iconoclaste et intitulé Une autre avie est possible)

  • Une modernité métissée


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      Le commencement d'un monde: une synthèse passionnante de Jean -Claude Guillebaud, , qui interroge la «séquence occidentale», ses effets pervers dans le monde, sa remise en question et les nouveaux échanges indispensables à sa survie dans le monde à venir.

      L’Occident a-t-il perdu la partie? Le déclin de l’empire américain, sur fond de crise financière, annonce-t-il la fin d’une hégémonie de quatre siècles? La seule réponse au présumé «choc des civilisations» est-elle la guerre? La formidable expansion de l’Inde et de la Chine, entre autres «nations émergentes», doit-elle forcément nous faire peur? Et que penser de l’expansion mondiale du phénomène religieux? Vous avez dit régression?

      Dans un «message personnel» liminaire, Jean-Claude Guillebaud explique quel état d’esprit était le sien, marqué non seulement par la crainte de «l’immensité des changements auxquels nous devons faire face», mais aussi par celle d’un «écroulement des valeurs fondatrices de la culture européenne», prélude à des «barbaries renaissantes». Puis il a commencé à travailler à ce nouveau livre, dont l’élaboration, trois ans durant, l’a profondément changé, affirme-t-il.

      Nouvelle donne

      C’est qu’au fil de ses recherches lui est venue la conviction qu’à l’engloutissement de tout un monde va succéder le surgissement d’un nouvel univers défiant nos crispations et «cette vaine obstination à vouloir recycler sans cesse des concepts, des repères, des préjugés qui n’ont plus de pertinence». C’est que «nous ne sommes plus «le Centre» fondé sur des siècles de civilisation conquérante se posant en modèle universel, libérateur et prédateur à la fois, en butte alors aux «grands refus» dont les attentats du 11 septembre 2001 marqueraient le summum. Choc des civilisations? Trop facile de le prétendre, affirme aussitôt Jean-Claude Guillebaud, décortiquant la fameuse formule de Samuel Huntington pour en montrer l’idéologie sous-jacente, appelant à une sorte de fatalité guerrière – contre le fameux «Axe du mal» par exemple.

      Car les civilisations ne sont pas des entités closes mais de grands ensembles poreux et en mouvement. Et de rappeler ce que furent, avant l’essor de l’Europe au XVIe siècle, les civilisations indienne et chinoise, aux échanges trop souvent ignorés. Et de souligner aussi, avant le début de ce qu’il appelle la «séquence occidentale», l’extraordinaire créativité médiévale, trop souvent réduite à une période d’obscurantisme.

      Un autre métissage

      De sa «percée décisive», qui s’amorça en Angleterre au XVIe siècle, à l’actuel «chaos-monde», la séquence occidentale de quatre siècles a bel et bien changé la face du monde, mais ce monde a continué de changer depuis lors.

      Changement de planisphère, transformation des rapports de l’homme avec l’espace et le temps, expansion de la religion défiant toutes les prévisions (un nouveau christianisme affleure, et l’islam évolue lui aussi). Mais aussi vitalité démographique et culturelle en phase avec des économies galopantes: l’Inde de demain, la Chine de demain ou l’islam de demain nous attendent pour de nouvelles «négociations».

      Exposant les thèses «postcoloniales» et leurs propres impasses, Guillebaud ne donne pas dans le multiculturalisme diluant que pourrait annoncer son appel à une «modernité métissée».

      Le métissage, nous dit-il, est la base même de toutes les civilisations. Connaître avant de juger, comprendre au lieu de se crisper: l’avenir appartient à la délibération, «chemin ouv ert» défiant le catastrophisme…

      Jean-Claude Guillebaud,Le commencement d’un monde, Seuil, 390 p.

      Guillebaud3.jpgLes essais-synthèses d’un grand «reporter d’idées»

      RGuillebaud4.jpgevenu de tous les fronts de la fin du XXe siècle, du Vietnam au Liban, d’Israël en Afghanistan, Jean-Claude Guillebaud (né en 1944 à Alger), grand reporter au Monde puis au Nouvel Observateur (où il tient toujours une chronique), est devenu, depuis une quinzaine d’années, «reporter d’idées» avec huit essais-synthèses. Ainsi de La trahison des Lumières (Prix Rousseau 1995) à La tyrannie du plaisir (Prix Renaudot «essai» 1998), du Principe d’humanité (Prix européen de l’essai 2001) à La force de conviction (Prix Siloë 2005).

      Sans jargon philosophique, portés par une immense curiosité intellectuelle et un optimisme lucide, ces ouvrages de «passeur» ont le mérite rare de capter les préoccupations de l’homme d’aujourd’hui.


      Ainsi, il se maintient à l’écart de la mode mais sans se détacher pour autant de l’actualité en cours, de la chute du communisme à l’expansion de la Chine ou du 11 septembre à la guerre en Irak. Fait singulier en France franco-centriste: Guillebaud, qui a fait retour au catholicisme (Comment je suis redevenu chrétien, Prix 2008 des librairies La Procure), nourrit sa réflexion de pensées venues de tous les horizons, et particulièrement dans Le commencement d’un monde où il relaie analyses et critiques de grands intellectuels indiens, japonais ou africains, entre autres.