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La murmurante rage d’Otis Taylor




Il y a de la plainte et du cri de rage ravalé, sur fond de motifs répétitifs et d’inflexions lancinantes, dans l’univers d’Otis Taylor, qui touche à la fois aux racines historiques et émotionnelles du blues et aux sons les mieux « usinés » par l’électronique actuelle, sans rien de frelaté pour autant.

Le banjo percussif et quasi obsessionnel ouvre (Feel like lightning) cette suite des dix « récits-ballades », sonnant folk ou même country, avec une sorte d’âpreté confidentielle qui relève bien du blues pur, à quoi s’ajoutent des motifs rythmiques ou instrumentaux à valeur d’échos africains.

Lorsque la voix d’Otis, dans Boy plays mandolin, dialogue avec une trompette aux errances mélodieuses, on ressent comme un relent de nostalgie, qui ne vire pas pour autant au sentimentalisme, la chevauchée se poursuivant bientôt à vifs coups de cravache, si l’on ose dire…

La dominante de Below the fold est une sorte de tristesse « épique » qui fait référence évidente à une longue histoire de peine et d’humiliation, oscillant entre la chronique presque murmurée (Mama’s got a good friend, Your children sleep good tonight ou Didn’t know much about education)et le blues « social » lancinant (Governement lied faisant allusion à un sombre épisode du déni du sacrifice des Noirs au sein de l’armée américaine).

A relever enfin : le rôle de Cassie, la fille d’Otis, jouant à la fois de la basse et ici, dans un set à elle (Working for the Pullman Company) d’une voix suave mais dénuée de mièvrerie, coulant comme un tendre filet de lumière oblique sous le ciel plus chargé de son formidable Dad…

Otis Taylor. Below the Fold. 2005.

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