
Merveille des merveilles, sous le lilas fleuri, merveille je m’éveille
(Jean-Pierre Schlunegger)
La merveille apparaît comme ça :
sans jamais crier gare,
à la façon du vieux Mozart
à ses sept ans déjà,
quand du piano les pieds en l’air
il faisait monter la lumière;
le vieux piano rajeunissait:
jamais je n’ai sauté
si joyeusement à la corde,
murmurait-il en plein sommeil,
et tout l’orchestre à l’unisson
répétait la chanson,
dans l’harmonieux désordre:
merveille sous le lilas…
Quand le piano voyage en rêve,
les mots ailés reviennent
qui font comme une trêve
dans le bruit abruti,
les guerres n’en finissant pas
le bruit des violents imbéciles
qui battent et frelatent
au dam de nos âmes dociles
tout ce qui échappe au néant…
La mélodie pourtant survit
au regard innocent
du seul nom de Mozart
dont les os au néant reposent ;
au néant, je veux dire:
au ciel où la lune
à l’œil à couleur de prune
voit les choses autrement:
la merveille là-haut reflétant,
en mélodie commune,
comme le veut l'enfant Mozart
la merveille du lilas…