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  • Les années Rimbaud

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    J’aime ces vieilles et tendres pierres friables.

    Maintenant c’est en étranger que j’y passe.

    Sur l’escalier de bois je me suis arrêté,

    ce matin d’hiver,

    tant d’années après.

    C’est ici qu’à seize ans je me croyais Verlaine.

    Je fumais des Gitanes,

    ou parfois des Gauloises,

    et plus tard des Boyards.

    Au Barbare, Brel ou Brassens,

    Léo Ferré ou Barbara,

    ou Paco Ibanez,

    ou Miles ou Chet Baker,

    ou Violeta Parra

    coloraient nos brouillards

    drogués au petit noir.

    J’étais si malheureux,

    si tendre, si salaud.

    Je croyais que jamais

    tout ça ne finirait :

    le cœur à vif, les mots fous, les années Rimbaud.

     

    Maintenant que je sais je me tais en songeant.

    Et la pluie, et la vie, et la nuit, et l’oubli.

     

     

    (10 décembre 1987)

     

    Richard Aeschlimann, Le rêve de l'escalier, 1973.