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  • Visions du réel 2014

    10250257_778435372175709_8748155423910005021_n.jpgDu 25 avril au 3 mai, à Nyon, le Festival international Visions du réel, qui fête ses 45 ans d’existence et sa vingtième année sous cette appellation, propose un aperçu très substantiel du cinéma mondial documentaire. 

     

    On l’a dit et répété : le cinéma de non-fiction n’est plus le genre mineur qu’il fut souvent, didactique ou simplement illustrait. « L’intérêt du thème n’est qu’un des critères de notre sélection », nous disait ainsi Luciano Barisone à son arrivée aux commandes, en 2010. Depuis lors, le festival piloté jusque-là par Jean Perret, a connu un regain de fréquentation de quelque35%.

     

    L’édition 2014 s’annonce riche, avec 175 films de toutes provenances, trois leçons de cinéma données par les« maîtres » Pierre-Yves Vandeweerd, Ross McElwee et Richard Dindo, sous forme d’ateliers, un Focus sur la Tunisie combinant la projection de 15 films récents et un programme d’aide à la création. 

     

    En outre, nouveauté cette année: la section Grand Angle qui propose le meilleur des films documentaires présentés dans d'autres festivals internationaux importants.

     

    Pour mémoire et en deux mots, rappelons que c’est en 1969, dans le tumulte post-68, que le Festival du film documentaire s’est implanté à Nyon sous la direction de Moritz de Hadeln. C'est à Nyon qu'il fut alors  possible de découvrir la production documentaire des pays del'Est, comme celles de tant d'autres cinématographes, sans oublier les productions suisses, qui s'imposaient pour leurs qualités thématiques et esthétiques. C'est aussi à Nyon que les diverses luttes pour les indépendances ont trouvé un écho:des pays du tiers monde à l'émancipation de la femme, en passant par la libération sexuelle. 

     

    En 1985,  la première vague étant retombée, la manifestation connut un second souffle sous l’impulsion de Jean Perret, devenant alors Visions du réel.

     

    images-9.jpegInitiative à saluer entre autres innovations pour cette nouvelle édition 2014: la fondation du Sesterce d’or, nouveau trophée créé par le sculpteur Bernard Bavaud et qui récompensera les grands prix et d’autres distinctions honorifiqes  Ainsi Richard Dindo recevra-t-il  le premier Sesterce d’or Prix Maître du Réel (!)  attribué depuis cette année à «un cinéaste du réel de renommée mondiale». Une rétrospective de cinq films est programmée et le réalisateur zurichois animera un atelier lié à Homo Faber, de Max Frisch,l’œuvre sur laquelle ce passionné de littérature travaille actuellement.

     

    Ma sélection perso pour ce premier jour :

     

    Richard Dindo, L’exécutiondu traître à la patrie Ernst S. Avec Niklaus Meienberg, 1976. 1h.39. Sallede La Colombière, à 14h.

    Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, ce film,très controversé à sa sortie, fait toujours date du point de vue historico-politique, et d’abord critique, autant que les Reportages en Suisse de Meienberg. J'y reviendrai plus longuement...

     

     

    6_334286bf62.jpgOlfa Chakroun et Dionigi Albera. La maison d’Angela, 2012. Focus Tunisie. Salle communale, 14h. 

    Moyen métrage plein de sensibilité, ce film a ledouble mérite de documenter l’évolution d’un lieu mythique, La Goulette,caractérisé par son doux mélange de cultures et de confessions, autant quepar  sa convivialité populaire,aujourd’hui menacé par le béton et tous les nivellements ; cela vécu danssa chair et son âme par Angela, qui se raconte en vérité, désarroi et colère.La projection  principale est réservée à L’opposant, d’Anis Lassoued, évoquantl’entrée en politique de Mohamed, diplômé supérieur mais sans emploi, commetant de ses concitoyens. Je n’en dirai pas plus n’ayant pas vu le film.

     

     

    Nadia El Fani, Laïcité Inch Allah, 2011. Focus Tunisie

    Capitole 2, 16h.30.

    Pratiquant l’attaque frontale, Nadia El Fani s’en prend à un tabou religieux durant sa célébration de 2010 : le ramadan. A Tunis, au marché, dans les cafés, sur une terrasse de Sidi Bou Saïd, elle interpelle les gens et débusque l’hypocrisie ambiante de ceux qui font semblant. Film militant dont la révolution accentuera l’impact, jusqu’à sa projection marquée par la violence des islamistes, Laïcité Inch Allah m’a un peu gêné, pour ma part, du fait de son agressivité très rhétorique et plus encore de sa forme jetée. Comme on le verra avec les autres films du Focus Tunisie (à commencer par La Maison d’Angela), le réel tunisien peut être approché plus finement et avec d’autres nuances. Du moins la réalisatrice a-t-elle "cassé le morceau", avec un courage impressionnant.   

     

    Pour le reste du programme, le site du Visions duréel et son profil Facebook sont in-con-tour-nables…

    www.visionsdureel.ch

  • Ceux qui comptent jusqu'à trois

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    Celui qui estime qu’un chemin vers la pensée polyvalente est encore ouvert / Celle qui préfère le Tiers réel au tiers exclu / Ceux qui mettent les nuances / Celui qui ne saurait confondre les nuances de gris avec le dégradé médiocre de la grisaille pseudo-érotique d’une série imbécile à succès logique vu que l’imbécile pullule / Celle qui a visité l’Île en noir et blanc avant de hisser les couleurs / Ceux qui déjouent la terreur de l’alternative / Celui qui a inventé le Purgatoire pour pallier l’hystérie des extrêmes / Celle qui n’a jamais vu aucun charme à l’éventualité d’une second life / Ceux qui croient qu’on peut dompter le feu prophétique sans l’éteindre ce qui serait dommage on est bien d’accord les gars/ Celui qui trouve que l’Eglise athée manque autant de couleurs que le culte protestant ou musulman / Celle qui a toujours trouvé niaiseux le culte jacobin de l’Être suprême /  Ceux qui pratiquent une herméneutique de type humoristique en sorte de détendre l’atmosphère et de pimenter l’insignifiance ambiante / Celui qui se casse une côte en loupant le 666e échelon de l’échelle montant au Surhomme / Celle qui conçoit le monde en paliers distincts avec échelle de service en cas de feu ou d’évangélistes à la porte / Ceux qui constatent les ravages du nivellisme sur Twitter et Facebook aux heures de pointe à savoir tout le temps / Celui qui ne voit d’échappée que dans le médian poreux / Celle qui rappelle (avec Paul Celan) que la poésie n’impose pas mais s’expose en quoi elle renonce à l’autorité écrasante du mot /  Ceux qui reconnaissent n’entendre que du vent et composent pourtant des vers / Celui qui pratique l’humour contre tout ce qu’on dit éminent en quoi il retrouve la culture juive du commentaire qui fait qu’où il y a deux talmudistes il y a trois opinions / Celle qui rappelle au chauffeur de taxi Avraham que l’humour est une école de la  polyvalence après lui avoir laissé le choix entre trois mêmes destinations / Ceux qui ont toujours pratiqué le décentrage avant d’en venir à la vision panoptique / Celui qui craint l’humour fauteur de multilatéralité propre à démobiliser Billancourt / Celle qui zappe les passages bibliques où Dieu fait vraiment trop vieux facho / Ceux qui montrent un « cordial esprit de conciliation » qui va faire bientôt de la Terre entière un jardin convivial style Facebook où je t’envoie ce matin une photo de mon amie jonquille et te remercie d’exister Fernande et t’envoie via youtube une version de l’Hymne à la joie par Clayderman au pianola, etc.

  • Ceux qui filent doux

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    Celui qui exorcise le monde « tout drapeau » / Celle qui fuit le mec à kalache / Ceux qui récusent les barbes à sacrifices / Celui qui affronte l’esprit boutique / Celle qui couperait bien les têtes « farcies de foutaises » mais sa religion le lui interdit / Ceux qui n’ont plus de souffle à claironner trompette / Celui qui ne trouve point de grandeur au Kolossal / Celle qui déjoue la ruse du faucon maquillé fauvette / Ceux qui de rap en rapine ne répètent que tribu ! tribu ! / Celui qui pour tribu de fer se bat contre tribu d’osier / Celle qui n’est plus que spasme / Ceux qui sont nés pour la gangue / Celui qui devient marteau sous maître / Celle qui s’exclame : suffit le chant ! au sanglier mélo / Ceux que le cri strangule sous cravate fantaisie / Celui qui se résume à cocarde / Celle qu’embarrassent les soldats à sabots et denture intacte / Celui qui se retient à la cascade / Celle dont l’enfance expire dans les abois / Ceux qui fuient par le ciel / Celui qui se trisse en douceur / Celle qui tisse sous le boisseau / Ceux qui s’interdisent de regarder tout ça / Ceux qui se rincent l’œil au sang des autres / Celui que le vide sous les masques ne porte pas au vertige / Celle que son ennui n’ennuie plus même le dimanche ou le lundi de Pâques / Ceux qui connaissent la paix des sabres / Celui qui a la suffisance de l’arme / Celle qui oppose sa douceur à la faiblesse / Ceux qui ont langue de fer plus que de bois / Celui qui tisse au fil barbelé / Celle qui saigne d’avoir baisé la lame / Ceux qu’on a réduit à moins que ça / Celui qui se réveille requin dans l’étui à sequins / Celle qui piaffe d’incontinence / Ceux qui se disent esclaves du péché mais c’est exagéré du point de vue des Red Hot Chili Peppers / Celui qui répète « moi !, moi ! moi ! » en invoquant le partage / Celle qui écrit sous le manteau et même parfois sans string / Ceux qui taxent d’insignifiance tout ce qui ne ramène pas à leur premier roman plein de majuscules / Celui qui chante sa peine à ne pas accéder à la Business Class / Celle qui gerbe au goûter dînatoire du Club Positif / Ceux qui n’admettent point que tout durcisse / Celui qui déconseille l’usage du couteau-papillon en course d’école / Celle qui enjambe le cercueil du savoir / Ceux dont le regard reste soft devant la hardeuse / Celui qui va pour calmer le tsunami / Celle qui se dit voyante et voit en effet plus loin que les nez des casques bleus / Ceux qui sont chair de votre chair à canon / Celui qui est né pacifiste et l’a oublié par la suite mais on l’a enterré catholique alors de quoi se plaindrait la fille souverainiste de l’évêque /  Celle qui voit la plaie d’être homme se refermer / Ceux qui se rappellent les « grandes fauchées » préludant à la destruction massive décidée selon l’Axe du Bien / Celui qui déconseille l’usage de la machette aux ados des deux camps / Celle qui aime les douceurs et le cunilingus platonique de Michel Onfray / Ceux qui voient partout la force et la détresse vissée dedans mais les boîtes à outils manquent en Syrie et dans les territooires occupés /  Celui qui répète que vertu guerrière n’est pas vice avec les félicitations de divers archevêques et autres imams citant sourates et versets bibliques à l’envi /Celle qui voit les thons rouges déserter les eaux polluées par les Japonais et autres nations civilisées / Ceux qui forgent un métal aussi dur que celui de leur queue selon leurs affirmations à vérifier / Celui qui n’a plus le temps de le prendre à ce qu’en dit sa secrétaire elle-même en réunion sur le lit d’à côté / Celle qui accède enfin à  la Bonne Colère genre le Christ sort de ses gonds à la supérette de Notre-Dame / Ceux qui lisent volontiers des romans où les femmes en chient / Celui qui a le front de guerre et le cul pincé / Celle qui panse les mitrailleuses dans le hangar aux grands blessés / Ceux qui vont enterrer le porte-avions avec les honneurs / Celui qui constate que même l’air est devenu social-démocrate / Celle qui invoque la pureté de sa race pour dégommer la voisine aux carlins douteux / Ceux qui pendant tout ce temps n’ont cessé de contempler le Temps coulant « semblableà une interminable enfance », etc.

     

    (Cette liste n’as pas été inscrite en marge de La Marche dans le tunnel de Michaux, son indéniable source d’inspiration, vu que les marques au stylo sur le papier bible de La Pléiade font désordre même  en Suisse profonde) 

    Peinture: Robert Indermaur