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  • Ceux qui hantent L'Angle du Hasard

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    Celui qui donne rendez-vous à la fille poreuse au bar à l’enseigne énigmatique / Celle qui reflète tout le temps le temps / Ceux qui sont gagnés par la torpeur des fonds d’établissements publics où l’on se palpe à mains plus que nues / Celui qui engage une conversation à caractère métaphysique dans la porte à tambour de l’hôtel Cosmos de Petrograd (actuellement Pétersbourg) / Celle qui passe l’aspirateur durant ton interviouve d’Alain Cavalier évoquant le silence des images / Ceux qui se demandaient si la chanteuse couchés sur le piano à queue laisserait entrevoir son intimité au public à majorité quadragénaire / Celui qui édicte le code vestimentaire des soirées spéciales du Mandarin lyrique / Ceux qui ont lancé le culte de l’escarpin noir dans les courts métrages postmodernes / Celui qui brouille tous les repères en lisant L’Homme révolté d’Albert Camus dans cette boîte échangiste / Celle qui fut une bonne cheftaine dans la Patrouille des louveteaux et qui parachève sa vocation en tant que critique littéraire du Temps / Ceux qui se rappellent les messages subliminaux des regards du Consul givré à mort / Celui que touchent au cœur les ombres vivantes de Shadows aux mouvements magnifiés par le jazz de Charlie Mingus / Celui qui se sent en état second à la lecture du dernier roman de Jean-Jacques Schuhl qu’il s’attarde à lire dans le chalet d’Amanda sis en zone à maxirisque d’avalanche lui faisant imaginer les titre du tabloïd Le Matin genre La star disparue était-elle suicidaire et que deviendra sa chienne afghane Lula ? / Celle qui lève un garçon sauvage des Boweries en se flattant de lui révéler sa bisexualité naturelle et plus si désir sincère / Ceux qui ont toujours préféré les pages hard du journal Spirou aux passages soft des 120 Journées de Sodome / Celui qui estime qu’un site naturaliste « osé » du type WebCamWorld est générateur d’un nouvel humanisme cosmicomique / Celle qui se repose de l’avachissement babylonien de l’époque en s’adonnant au chant grégorien au-dessus de la limite des conifères / Ceux qui se sentent trahis par les mots de leurs mails / Celui qui se demande si le discours des portables sera longtemps supportable / Celle qui provoque un tsunami mental chez son partenaire en jetant soudain son phone dans la mare dite de l’Avatar maudit / Ceux qui ont tout sexualisé sauf le Sexe / Celui qui parle théorie des cordes à la plus tout à fait vierge que ses abdos de boxeur cubain surexcitent / Celle qui préfère les strippers brésiliens restés très catholiques païens aux Chippendales sculptés dans le caoutchouc puritain genre Barbie mec / Ceux qui descendent à l’Hôtel Louxor dans l’espoir de « toucher le torse de Pharaon » selon l’expression des baudelairiens de la meilleure époque / Celui qui se rappelle les bustes chapeautés flottant sur la brume des rues de Salamanque à l’imitation du Belge Magritte / Celle qui a piaffé des nuits entières à la Totcha de Séville que lui révéla le taxiboy à créole / Ceux qui se rappellent les apparitions des Mains d’Orlac dans un film de John Cassavetes qui les a étranglés d’émotion, etc.


    (Cette liste a été établie en marge de la lecture d’Entrée des fantômes, dernier songe romanesque de Jean-Jacques Schuhl paru avant-hier dans la collection L’Infini de Gallimard )

  • Ceux que la beauté laisse froids

    medium_Bona.2.JPGCelui qui sort son flingue pour un mot de travers que lui adresse un Danois dans la salle d’attente des Urgences du CHU / Celle qui insinue que les bénévoles des soins palliatifs sont intéressés quelque part / Ceux qui estiment qu’un Adolf Hitler remettrait un peu d’ordre au jour d’aujourd’hui / Celui qui se retire au grenier pour se balafrer les joues en signe de vengeance / Celle qui prétend que l’hospitalité des Mandelman est une ruse de juifs / Ceux qui se réjouissent qu’il arrive enfin quelque chose dans le quartier des Muguets où l’on vient de retrouver un corps mutilé de Gitan / Celui qui signe l’exécution du peintre Chmielov dont les couleurs ont été jugés contre-révolutionnaires / Celle qui va cracher sur la tombe du plasticien slovène qui a contaminé son filleul Anatole / Ceux qui regardent le nouveau-né abandonné dans la gare de Shinjuku / Celui qui soigne sa paralysie faciale avec un sèche-cheveux / Celle qui lit attentivement la déclaration pendue au cou d’une mendiante / Ceux qui lâchent des rats affamés dans une assemblée de vieilles femmes / Celui qui essaie de maigrir grâce à l’acupuncture / Celle qui rêve (cauchemar) qu’elle est Arielle Dombasle / Ceux qui font épiler leurs jumeaux / Celui qui rote pendant la prière aux obsèques de l’évêque Ducommun / Celle qui raconte les crasses de son chef de bureau à son canari Pioupiou / Ceux qui regardent la nouvelle route nationale du haut de la lande du Pendu / Celui qui pense que l’Avenir appartient aux lecteurs de Michel Onfray / Celle qui donne des cours de taï-chi aux enfants retardés de la commune de Xuan / Ceux qui estiment que la peinture à chevalet n’a pas dit son dernier mot / Celui qui mâche un chewing-gum à l’approche de l’orage / Celle qui craint la grosse voix de l’oncle Fernand / Ceux qui font une ronde dans leur quartier de retraités, etc.

    Peinture de Bona Mangangu

  • Ceux qui ont l’âme étoilée

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    Celui qui a toujours réduit l’homme à un nuage d’atomes jusqu’au jour où il a craqué à mort devant la dépouille de son père / Celle qui diffuse une aura que l’Acte ne souille point je dirais même au contraire / Ceux qui se disent uniques et irremplaçables tout en restant d’une modestie touchante au niveau du Struggle for Life sexuel et social / Celui dont le seul sourire est guérisseur / Celle qui affirme une présence à caractère monstrueusement angélique en dépit de ses pieds sales et de son vocabulaire ordurier / Ceux qui ne sont pas encore reconnus pour leur mérite de jardiniers cosmiques mais qui disposent de tout un lobby en haut lieu / Celui qui se dit de la Constellation de la Clope et cite volontiers le comte de Lautréamont ou les premiers albums de Zig et Puce dans les interviews que lui vaut sa posture de néo-mystique malicieux / Celle qui récuse absolument l’apparentement de son œuvre poétique au minimalisme tendance New Age alors qu’elle se sent physiquement la continuatrice de Thérèse d’Avila aux jours de grande frustration   / Ceux   qui reçoivent les messages de Céphée 5 sur 5 sans savoir trop quoi en foutre / Celui qui s’est toujours gaussé (ah,ah)  des formules de Paulo Coelho genre Saint-Ex comme quoi nous serions tous des planètes perdues en quête d’un Soleil Personnel / Celle qui ne brille qu’au ciel de son lit de chaste fée imitatrice des Sœurs de Jésus du Ballon d’Alsace / Ceux qui ont l’âme rude mais guère prude / Celui qui avait toute une théorie sur l’âme immortelle qu’un première rupture d’anévrisme a salement amochée / Celle qui fait âme séparée avec son époux conseiller de paroisse atrabilaire / Ceux qui sortent leur organigramme quand des enfants leurs demandent s’ils ont une âme contrairement aux écureuils / Celui qui se sent un ange choyé quand tombe la paie des mains du contremaître et qu’enfin il va pouvoir se reposer dans les bras de la Roumaine du Brummel’s. / Celle qui bat de l’aile en souriant comme pour se faire pardonner / Ceux qui font comme si de rien n’était quand ils voient un ange passer, etc.

     

     

    Image : Corps astral de JLK évoqué numériquement par Philip Seelen, en fin d'après-midi de transit saturnien, vers le bois du Pendu.

  • Ceux qui ont peur

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    Celui qui note les moindres faits et gestes de  ses voisins nigérians dont le chef de famille présumé roule BMW et se prétend chirurgien au CHU / Celle qui descend du bus No 6 dès qu'un nègre y monte / Ceux qui ont voté contre les étrangers même s'îl n'y en pas dans la village mais au cas où on ne sait jamais / Celui qui estime que les étrangers criminels le sont deux fois plus que les autres / Celle qui a dénoncé le violeur Ivan S. et lui a fait prendre quatre ans au procès et l'a revu cet été devant une boîte mais n'a pas donné sa voix aux démagogues populistes pour autant / Ceux qui avaient toutes les raisons de voter populiste et que de meilleures raisons encore ont retenu de le faire / Celui qui plie ses vêtements par ordre de grandeur en ne cessant de critiquer les Roms et autres insectes nuisibles / Celle qui boit chaque matin sa propre urine à cause des risques de sida avec tous ces Latinos et autres Africains de l'Ouest dans la rue  / Ceux qui ne ferment jamais leur porte à clef en espèrant piéger quelque étranger criminel dont leur webcam branchée au bureau trahira l'incursion ah ah  / Celui qui se perd dans la neige au risque de tomber sur un loup ou va savoir avec les Roumains qui rôdent / Celle qui se taillade les bras et les cuisses pour faire croire qu'un Kosovar l'a agressée et se faire connaître des journaux / Ceux qui envoient des lettres anonymes aux médias qu'ils signent Ali ou Dragan / Celui qui s’interviewe lui-même dans son bain et dit tout ce qu'il pense au sujet des migrations criminelles et consorts / Celle qui assiste à tous les concerts de d'Oskar le rappeur d'extrême-droite / Ceux qui refusent d’être photographiés en compagnie d'autres races  / Celui qui participe à des séances d’échange verbal démocratique à mains nues  / Celle qui tient un registre des vengeances qu’elle se promet d’exercer par les urnes / Ceux qui n’auront jamais de sépulture dans ce pays ethniquement nettoyé, etc.

    Image: JLK en Appenzell

  • Ceux qui diffusent une lumière d’étoiles mortes

    Rodgers16.jpgCelui qui reprend sa bouteille de champ non entamée à la fin de la fête / Celle qui espère que son string vert fluo fera un effet super / Ceux qui parlent du dernier Almodovar en espérant être entendus / Celle qui étouffe au milieu de ces gens libérés / Ceux qui cherchent leur carte dans les fringues dispersées / Celui que sa propre beauté dégoûte / Celle qui va se ressourcer dans le jacuzzi / Ceux qui se taisent en allant d’un groupe à l’autre / Celui qui prétend que Godard est fini / Celle qui parle de l’outil de déstockage des marques en matant le décolleté style BHL de Jerry / Ceux qui se flattent de cliquer toujours sur la bonne affaire / Celui qui pense au décollage de sa nouvelle start-up en écoutant un blaireau de la société Grangier lui parler de l’événement e-commerce de 2005 / Celle qui a introduit la vente-flash dans l'unité de production dont on fête l’anniversaire ce soir / Ceux qui se mettent à l’abri de la même fondation de droit néerlandais / Celui qui affirme en sifflant son septième bloody mary que Patrick Le Lay est un humaniste quelque part / Celle qui prétend que Le Lay a trois couilles / Ceux qui ont souffert sous Le Lay / Celui qui ne s’occupe que de ses moutons d’Ouessant / Celle qui déjoue la nouvelle Technique du Tombeur / Ceux qui ne boivent plus que du Café pour agir responsable, éthique, durable / Celle qui surveille les stations de son fils à la salle d’eau / Ceux qui pensent que leur vie est un roman, etc.

    Terry Rodgers, huile sur toile.

  • Ceux qui sont à l'écoute de l'Autre

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    Celui qui vendrait sa sœur cadette pour se payer un Runner 125 / Celle qui aime faire son entrée au Théâtre National au bras de l’homme le plus friqué de la capitale / Ceux qui s’investissent complètement dans leur œuvre posthume / Celui qui enferme son fils indiscipliné dans la soute à charbon de la péniche Gundula / Celle qui a autant de romans en projet qu’Amélie Nothomb à ses débuts / Ceux qui passaient pour les maîtres à penser de la jeunesse bulgare vers 1912-1913/ Celui qui boycotte les produits Calvin Klein et mange du chat / Celle qui prétend que toutes les races de chiens savent danser / Ceux qui affectionnent les recoins des grandes brasseries ferroviaires / Celui s’est juré de rédiger un traité de bonheur pour l’homme contemporain / Celle qui estime que sa vie n’est qu’un monologue dans une chambre froide / Ceux qui n’ont plus tellement envie de faire la chose avec la lumière / Celui qui opte pour un reformatage existentiel chez les mormons / Celle qui ne pense pas que son coiffeur Alban soit capable de lire le dernier Le Clézio / Ceux qui fonctionnent à la reconnaissance ostensible au niveau des réus de l’Entreprise / Celui qui jouit de son pouvoir sur les secrétaires du Service de Automobiles / Celle qui a vu la soldate allumer les caporaux / Ceux qui alertent les médias dès qu’ils repèrent une irrégularité dans le fonctionnement des Services de la Voirie / Celui qui n’est plus le même depuis qu’il se fait appeler Graziella / Celle qui va lancer le concept des marionnettes antidrogues avec son compagnon de vie / Ceux qui exigent une label de qualité Q pour les vacances à la ferme, etc.    

     

    Peinture: Edvard Munch.

     

  • Ceux dont la vue baisse

     

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    Celui qui ne voit plus les couleurs / Celle qui découvre tout ce brouillard dans sa chambre de la rue d'Odessa / Ceux qui entendent le verdict du professeur Lesieur sur un décollement de rétine irréversible / Celui qui inaugure sa canne blanche rue de Rennes / Celle qui constate que plus jamais elle ne verra ni l'aurore ni le crépuscule / Ceux qui se rabattent sur les Solisti Veneti / Celui qui estime que Rembrandt parle même aux aveugles / Celle qui maximalise son potentiel à 3 dioptries / Ceux qui se refont tout Hitchcock en DVD / Celui qui dresse son flambeau: la Liberté / Celle qui se définit comme socialiste clitoridienne / Ceux qui pensent que leurs détritus nous renseignent sur les gens / Celui qui boit pour ne pas oublier / Celle qui apprend par cœur des chants royalistes / Ceux qui ne se lavent pas à dessein / Celui qui pense que les étudiants ne font rien / Celle qui se brise une cheville chaque hiver / Ceux qui se donnent des tâches stratégiques / Celui qui se croit le Nouveau Savonarole / Celle qui préfère les tailles XL / Ceux qui se disent « plutôt Sheraton » / Celui qui collectionne les baïonnettes / Celle qui rugit au lit comme un lutteur de sumo / Ceux que le lait fait gerber / Celui qui rêve d’entrer au Rotary / Celle qui affirme que les nègres c’est les nègres / Ceux qui ne jurent que par l’Esprit Citoyen / Celui qui appelle son sexe vieille saucisse / Celle qui préfère le clavecin au pianoforte / Ceux qui savent par cœur la composition de l’équipe d’Arsenal / Celui qui parle de pratiques émergentes / Celle qui se positionne pour la télé / Ceux qui se font briefer sur leur avenir / Celui qui palpe les visages de ses neveux / Celle qui mâche de la réglisse sur la pergola de la Casa Ramona /Ceux qui lèchent les bottes de la Maréchale des Logis etc.

    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui écoutent la rivière

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    Celui qui ouvre grands les yeux sous l’eau pour entrer dans les miroirs / Celle qui retrouve sa fluidité de conteuse en racontant sa descente du Mékong avec son ami d'origine irlandaise par sa mère / Ceux qui agrémentent leur diaporama des fonds de la Mer Rouge de morceaux de Händel ou de Beethoven genre Le Messie ou l’Hymne à la joie par Maurice André ou les Solisti Veneti / Celui qui est en quête d’authenticité et préfère en somme les paysans du Nord Laos à ses collègues cadres de chez Microsoft / Celle qui a fait rire toute la terrasse de cette guest house du Sud Laos où une petite grenouille orange aux yeux bleu prune a chu du toit de bambou suintant de pluie sur sa chevelure blond vénitien / Ceux qui ont l’impression continue qu’une rivière coule en eux et notamment les prisonniers à longues peines / Celui qui entrouvre son grand manteau de renne blanc pour offrir un refuge momentané à la poétesse anorexique / Celle qui nourrit son éléphant de peluche comme elle l’a vu faire des moines déposant leurs offrandes devant les Bouddhas de bois ou de pierre / Ceux qui comparent la pureté de l’aube sur le Mékong et sur le Nil et n’en tirent aucune conclusion pour ne pas déprécier l’émotion ressentie par l’autre / Celui qui voudrait avoir barre sur tout / Celle qui n’est pas dupe des boniments du hâbleur / Ceux qui patinent sur la glace de leur trop beau langage / Celui que son amour de soi fige dans une sorte de componction de cuistre feignant l’enjouement / Celle qui regarde dormir celui qui le fait l’appeler Le Commandeur et qui est tout attendrissant avec son bedon et ses poils gris à la barbe d’en bas / Ceux qui jouent un peu tous les rôles « pour voir » / Celui que la prétendue stratégie des plus fortiches de ses collègues de l’Entreprise fait carrément se poiler, ah, ah / Celle que les Grands Débats de la chaîne dite culturelle n’a jamais empêchée d’écouter la Rivière / Ceux qui prêtent l’oreille au clair déluge qui sourd des prés, etc.
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui renaissent ce matin

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    Celui qui lit ceci dans un livre de gai conseil : « Soleil nouveau chaque jour, bleu, gris, froid, chaud, pluie, vent c’est pareil, mais derrière, à chaque instant, la lumière fait signe » / Celle qui retrouve son volume bleu passé de Mon Premier Livre dans la poussière du grenier qu’elle a entrepris de ranger avant de partir pour toujours - le Docteur a dit vers Pâques donc ça fait encore quelques semaines de bon / Ceux que le doute a longtemps rongés et qui lui ont finalement préféré l’attention joyeuse à cela simplement qui est / Celui qui a enfin le temps ou plus exactement qui vit enfin le Temps / Celle qui salue les giroflées de ce premier matin du monde / Ceux qui écoutent leurs corps sans bien sa rappeler s’ils sont locataires ou proprios / Celui dont le coeur satisfait à peu près le cardiologue qui relève sa belle échogénie non sans lui montrer une pointe noire (là) qu’il appelle son épée de Damoclès avec un clin d’œil de lettré / Celle qui rhabille son corps de sœur tourière devant le jeune toubib à mains doigtées / Ceux qui considèrent leur corps comme un Temple dans lequel ils entrent pieds nus et parlant bas / Celui qui s’est exclamé un jour dans la fameuse Crypte des capucins qu’au jour du Jugement ces crânes en quête de leurs os persos mèneraient un sacré bougre de bal / Celle que cette question de la résurrection des corps n’inquiète pas plus que la renaissance printanière du liseron ou le premier jour d’école des colées enfantines / Ceux qui veulent absolument te faire dire si tu crois ou ne crois pas en ces fariboles afin de te classer une fois pour toutes nom de Dieu / Celui qui résurrectionne tous les matins en constatant qu’il bande (ou pas) et que sa femme (ou son mec, ou lui s’il est seul) va lui faire un café aussi noir que leurs âmes sont  pures (ou pas) / Celle qui nettoie ses pinceaux de restauratrice de peinture ancienne que les maladies sexuellement transmissibles de ses amants ont moins inquiétée que la Maladie du Temps fatale à certains pigments / Ceux qui sont restés interdits devant les monceaux de jouets et de prothèses et de cheveux et de dents à Auschwitz et qui en ont conclu qu’ils vivraient avec ça en eux désormais et jusqu’à la fin des temps, etc.

     

    Image : Philip Seelen

     

    (Cette liste a été jetée dans les marges des Voyageurs du temps de Philippe Sollers)   

  • Ceux qui prennent le temps

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    Celui qui descend un jour du train pour voir de plus près la petite maison dans les prés qui lui fait signe depuis des années / Celle qui interrompt tout à coup la dictée de Monsieur Lepoil son chef de bureau et se lève et s’en va faire un tour avec son chapeau vert / Ceux qui ont tellement tué le temps qu’ils n’en ont plus à perdre / Celui qui est parti ce matin en sens opposé / Celle qui ne stresse plus depuis que les RH l’ont déclarée ingérable / Celle qui pense que son temps viendra sans savoir trop où et quand / Ceux dont ont dit qu’ils ont fait leur temps et qu’on case dans des asiles dont les pendules tournent au ralenti / Celui qui s’est mis en tête de ferrer les chevaux marins / Celle qui revient dans la Campagne de la Solitude juste pour le nom / Ceux qui n’ont jamais le temps d’écouter, les pauvres / Celui qui fait des patiences à journée faite non sans composer de tête des poèmes clairement affiliés à l’Ecole du Silence et qu’il ne publiera jamais / Celle qui a gardé la fraîcheur de ses sept ans pour avoir su prendre le temps de ne pas vieillir / Ceux qui cheminent le long de l’autoroute à pied en tirant parfois la langue aux enfants de la lunette arrière des bolides vrombissants / Celui qui reproche à sa mère de penser qu’il pourrait n’avoir pas le temps de la venir voir / Celle qui passe des heures à regarder les enfants du parc Denantou / Ceux qui trouvent toujours le temps de niquer la fille de la concierge / Celui qui a inventé un huitième jour durant lequel il a tout loisir de se tourner les pouces et parfois même de fonder une entreprise à broyer les minutes / Celle qui ne vit pas toujours hors du temps puisque la voici se pointer au Bancomat avec un air fébrile / Ceux qui enjolivent les temps passé en oubliant les ravages de la grippe espagnole ou de l’Inquisition catholique fatale à leurs parents sorciers ou supposés tels / Celui à passé plusieurs années à relire Le Temps retrouvé en boucle / Celui qui prends le temps de relire dans Le Temps retrouvé les passages où Marcel Proust entreprend le procès de la guerre mondiale et souligne cette exclamation du général Pau à la déclaration de la guerre : « J’attendais ce jour-là depuis quarante ans, c’est le plus beau jour de ma vie ! » / Celle qui se demande ce que ce Monsieur Proust aurait pu écrire encore après avoir comme qui dirait retrouvé le temps / Ceux qui prétendent qu’ils n’ont même pas le temps de respirer alors qu’ils passent leur carrière de fonctionnaires à ne rien branler dans leur bureaux réglés à l’heure de partout / Celui qui a pris le temps et l’a caché dans un recoin de la maison close / Celle qui prend toujours le temps de régaler le très beau jeune pauvre surnommé Le Bouc et qui n’a que sa vigueur et ses yeux verts pour la payer / Ceux qui estiment avoir encore tout le tempos de penser à tout ça, etc.

  • Ceux qui égrènent leur rosaire

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    Celui qui scande ses envolées verbales d’un pied de batteur de jazz que ne remarquent que ceux qui sont un peu attentifs sur cette terrasse ensoleillée d’Ibiza / Celle qui sait que par ailleurs Thomas Bernhard se considère comme un artiste de l’exagération à partir de laquelle il lui est loisible de parler tranquillement de la pureté de l’azur / Ceux que fascinent les imprécateurs dont le noir est une mise en valeur des couleurs ensuite distribuées comme l’est la robe de Berthe Morisot dans la toile fameuse de Manet / Celui qui reproche à Céline de se la péter en reconnaissant que nul ne se la pète mieux / Celle qui tombe dans le piège de vouloir élever sa pensée. / Ceux qui prient en groupe dans les porte-avions / Celui qui accorde trois minutes à Dieu le matin avant de monter dans son Opel Rekord portant un autocollant qui proclame que Jésus est son copilote / Celle qui prétend avoir vu le Diable sous la forme d’un jeune homme aux yeux verts bodybuildé très sexy en string rouge et assis à la fenêtre au risque d’être aperçu des monitrices du pensionnat d’à côté qui lui ont fait une réputation d’allumeuse de coursiers noirs / Ceux qui prient en nageant sur le dos / Celui qui parle à l’Invisible par procuration / Celle qui reste fidèle à l’idée que son corps est un Temple du Saint-Esprit et que donc il faut l’entourer d’un voile de pudeur même en le promenant bien nu dans son univers intime / Ceux qui ne supportent pas la liberté des gens comme les Miauton qui ne prient pas au moment où avec le reste des paroissiens randonneurs en général sur un sommet où Dieu sent l’orchis vanillé / Celui qui ne dira jamais un mot de travers à l’égard de la prosternation multitudinaire de ceux qu’il appelle mahométans d’un air pincé / Celle qui prétend que même Voltaire priait à sa façon à ses heures / Ceux qui refusent de prier dans le vide alors qu’ils savent très bien que le ciel bourdonne d’ondes parfois favorables et parfois non et que c’est justement sur cette incertitude qu’il faudrait travailler au niveau du contact avec l’aléatoire quantique (c’est comme ça qu’ils s’expriment) / Celui qui prétend qu’une bonne psychanalyse te fera passer ce délire compulsif / Celle qui dit quand je prie je prie et peut me chaut qu’on s’interroge sur l’existence d’un Dieu qui m’inspire de si jolies oraisons / Ceux qui prétendent que Les Illuminations du jeune poète ardennais Rimbaud ont une parenté avec la parole « en langue » de certains prophètes / Celui qui ce matin constate qu’il n’est pas assez libre et léger dans sa tête pour ne pas se planter à l’aquarelle et qu’il va par conséquent peiner un peu à la gouache à repentirs / Celle qui récure ses sols dominicaux avec la même modestie qu’en demandait la religieuse espagnole Teresa Sanchez de Cepeda y Ahumara, dite d’Avila, à ses novices aux cervelles encombrées par des rêves de Loft et autres Star’Ac de l’époque / Ceux qui tournent sur place comme les derviches dont les toupies vrombissent aux lisières des déserts bleus, etc.

    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui hantent la ville sans fin

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    Celui qu'on a retrouvé vitrifié dans la rame du métro aérien enseveli en 2033 lors du Grand Séisme et qui avait encore au doigt le saphir du Secret / Celle qui erre sur les boulevards orbitaux avec son caddie et son hamster Nevermore / Ceux qui s’abritent des pluies de records sous les arches de bois silicifié / Celui qui planifie les extensions de la mégalopole de Pucalpa du côté de l’Amazonie chamanique / Celle qui prend de la vitesse dans le grand cyclotron antipersonnel / Ceux qui modélisent les décors topo-dépliables dans lesquels se jouera le prochain Loft spirituel / Celle qui explore les zones envahies par la jungle des anciens bars à café / Ceux qui ne s’attardent pas dans les canyons où se déchaînent les tempêtes de rage / Celui qui fait de l’aquaplaning sur les pages du Livre d’Heures Lustrales / Celle qui se branche sur l’accélérateur à fantasmes en choisissant l’option Miettes de Chocolat / Ceux qui font du nano kayak dans les artères des batteurs de jazz / Celui qui a fait trois fois le tour de la ville-monde et va pour s’établir un peu à l’écart / Celle qui affirme que l’exploration des hôtels engloutis des Maldives ne réserve plus guère de surprises depuis que tous les minibars ont été razziés / Ceux qui étudient les vestiges de l’Ère pulsionnelle éradiquée par la dynastie des Empereurs évangélistes Pat Pei-ting / Celui qui ne trouve plus les mentions séparées de Paris ni de Londres sur les cartes des territoires de la ville-monde soumise à la cruelle princesse Clito-Jin-Mei / Celle qui estime commode l’unification mondiale des mégastores où tu n’as plus à te soucier de choisir entre deux sortes de pain ou d’eau de toilette au prix unifié même dans les pays pauvres / Ceux qui estiment que l’Avenir étant devenu le Présent la question du recyclage des voyantes se pose de façon significative surtout au Brésil et en Roumanie, etc
    Image: Philip  Seelen.

  • Ceux qui se demandent à quoi bon ?

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    Celui qui se réveille accablé / Celle que la visite d’Angkor Vat émeut à proportion du désespoir de son grand-oncle Groslier lorsque les Khmères rouges ont brûlé dix ans d’archives de l’Ecole française d’Extrême-Orient / Ceux qui ont fini de reconstruire leur cabanon détruit le mois dernier par la tempête et dont personne n’a parlé / Celui qui fait son lit au carré dans le monastère de n’importe quelle confession / Celle qui coiffe son enfant dont elle sait maintenant qu’il ne survivra pas / Ceux qui lancent la nouvelle livraison du petit journal que presque personne ne lit / Celui qui dit la messe dans la chapelle effondrée pour deux trois paumés / Celle qui a choisi de ne plus se souiller la vue à la lecture des tabloïds / Ceux qui mettent un point d’honneur à vivre selon la devise du père Charles de Foucauld qu’ils ont mémorisé en leur âge de scouts candides : « Toujours en route, jamais arrivé, loin du doute et de la peur » / Celui qui se lève à cinq heures du mat pour en remontrer à sa belle-mère défaitiste / Celle qui a toujours pensé que c’était le poète qui console l’Humanité et qui sourit en constatant que le jeune Ducasse est du même avis / Ceux qui ouvrent une petite boutique où ils vendent quelques pensées pratiques et autres maximes de survie / Celui qui pense parfois que le lecteur est un malade que l’Auteur soigne et parfois le contraire avec la même sincère (et plausible) conviction / Ceux qui ont besoin de plans-programmes d’application pour leurs journées et ceux qui se fient à l’ordre naturel à la manière des oiseaux à nids super compliqués / Celui qui pense qu’il n’y a qu’un homme au monde (un homme qui est à la fois une femme, mais oui) et qu’un Dieu et qu’une Vérité et que tout ça se transforme merveilleusement selon les latitudes et les cultures sans changer beaucoup du point de vue du poids spécifique des larmes / Celle qui admet la validité probable de toutes les religions tout en ne vivant que celle de sa mère / Ceux qui subissent les heures saoules du découragement taciturne / Celui qui se piège lui-même dans les trappes de l’orgueil et de l’amour-propre / Celle qui se traite de fashion victime en ourdissant et fourbissant sa prochaine vengeance / Ceux qui ont admis depuis longtemps que le goût était le nec plus ultra de l’intelligence sans en faire pour autant le thème d’une pose mondaine quelconque / Celui qui fait pouffer sa classe de philo en multipliant ses doux sarcasmes de pédéraste non déclaré / Celle qui relit les compositions de ses cancres les plus inspirés pour se donner du courage face au têtes de cons premiers de classe / Ceux qui prétendent donner le ton de la Nouvelle Poésie avec leurs stances aphones où foisonne le végétal froissé et le minéral griffé ainsi que l’onde moirée enfin tu vois ça / Celui qui vocifère que seule l’épopée valaque est défendable dans le cadre de l’Union européenne / Celle qui s’arrache à telle secte des femmes de lettres diaphanes comme l’alouette à la glu / Ceux qui laissent le désespoir au vestiaire de ce dimanche 27 mars comme un vieux pébroque détoilé, etc.
    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui invectivent le ciel

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    Celui dont la voix n'exprime plus que la violence de la détresse / Celle qui s'arrache le coeur à la porte du tribunal / Ceux qui explosent en silence / Celui qui flingue la télégraphiste porteuse de mauvaises nouvelles / Celle qui affirme que la claveciniste a massacré Scarlatti / Ceux qui ne trouvent plus la sortie du champ de ruines / Celui qui écoute aux portes de l'enfer / Celle qui appelle son amie Léonie sa vieille Tare / Ceux qui sanglotent devant 700 millions de téléspectateurs / Celui qui n’a pas de cimetière à regarder, selon l’expression d’Adrienne devant les portraits de la famille des Mesurat et alliés / Celle qui enlève la poussière du salon de la Villa Louis avec tant de concentration qu’elle ne s’aperçoit pas qu’elle continue de passer sa patte humide sur les automobiles de la rue et sur les statues du square / Ceux qui ne savent plus le prénom de celles qu’ils ont réglementairement épousées  ils ne se rappellent plus quand ni où  / Celui qui rampe devant le commissaire homophile mais albanophobe / Celle qui décide qu’on mettra dans le salon des rideaux grenats à chardons violets sans laisser à son récent époux le temps de réagir vu qu’elle lui laisse la haute main sur la partie mécanique / Ceux qui ne feront plus émonder les tilleuls de la propriété pour faire chier les voisins / Celui qui aime le brouillard et s’y fondre en fumant des clous de cercueil / Celle qui met du rouge à lèvres couleur lèvres / Ceux qui ne s’expriment plus qu’au moyen de phrases courtes du genre « Où vas-tu ? » - « Changer l’eau des fleurs », etc.

     

    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui sont de la Party

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    Celui qui poursuit sa lecture des Essais de Montaigne au bord de la rivière où sa mère vient de s’allumer un joint / Celle qui se retrouve elle-même en observant son vaurien de fils adoré / Ceux qui restent fidèles à leur éducation style fifties / Celui qui vit dans un souk de livres et d’objets vintage et s’y retrouve très bien merci / Celle qui a façonné son lieu de vie à son image de vieille humaniste démocrate assez alcoolo en fin d’après-midi / Ceux que leur sens pratique a aidé à ne pas flancher sous l’effet lancinant de leur sens poétique / Celui qui conserve toute sa tendresse à ses sœurs sûrement pas invitées à la Party du ponte de l’UBS et c’est en somme à leur honneur / Celle qui sourit dans le vague en se rappelant les frasques de son chameau de frère trader / Ceux qui se faisaient des goûters d’enfer à l’Orangina et aux crackers dans le Bois du Pendu / Celui qui s’est laissé embarquer dans le noble combat pour la défense de l’Habitat du Castor et se retrouve coincé à la table d’un parachute doré à gueule de tapir néolibéral / Celle qui commence à comprendre les arcanes de la finance en observant sa débâcle / Ceux qui réservent le paleron de base à leurs sept chiens de compagnie dont ils espèrent qu’ils échapperont aux retombées de la Crise / Celui qui est fortifié par le souvenir de la pénombre qu’un hêtre pourpre géant faisait couler dans sa chambre d’enfant tandis qu’il lisait Walden de Thoreau ou Sur la route de Jack Kerouac / Celle qui taxe sereinement de criminels les invités de la femme du ponte de l’UBS / Ceux qui font reculer les puissances de l’ennui en feignant de s’intéresser aux invités inconnus de la Party / Celui qui s’installe au Steinway du fils du ponte de l’UBS pour le faire galoper au rythme fou de Bartok tandis que les invités affluent sur la pelouse et que le Nasdaq clôture au plus bas / Celle que la cheffe de la sécu admet à la Party en dépit de la couleur de sa peau quand elle découvre que la Black se situe au Top des managères / Ceux qui se savent sur un siège éjectable et s’apprêtent donc à jouir un max d’une Party qui sera peut-être la dernière / Celui qui dit au bord du jacuzzi géant que rien ne vaut une bonne crise pour brûler les calories d’un Système aussi artificiellement gonflé / Celle qui a conçu les compositions florales de la Party dans le style des Nymphéas de Monet / Ceux qui se réclamant de la vieille école séduisent les kids au dam des quadras et des quinquas qui se croient au Top du Trend / Celui qui a un projet en phase avec l’Habitat pour l’Humanité en Jamaïque dit-il aux kids à moitié nus sur la pelouse et pas dupes du tout de ses alibis de parasite de leurs pourris de parents / Celle à laquelle sa couleur de peau vaut des salamalecs pseudo-progressistes de la part de ceux qui la verraient plus volontiers au Service Nettoyage de l’empire bancaire où elle a réussi Le Diable sait comment / Ceux qui espèrent que le feu d’artifice non sécurisé foutra le feu à la propriété de ce frimeur de Ponte de l’UBS / Celui qui fout le camp de la Party avec une édition dorée sur tranche des Essais de Montaigne jamais ouverte à ce qu’il semble / Celle qui retrouve son fils au bord de l’eau et le félicite pour le Montaigne en lui passant son joint / Ceux à qui rien de ce qui est humain n’est étranger, etc.
    Peinture : Terry Rodgers

  • Ceux qui s'évitent

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    Celui qui traverse quand il reconnaît son vrai père de loin / Celle qui zigzague entre ses ex dans les boîtes où elle les a levés / Ceux qui se croisent chez la psy qu’ils ont baisée à des époques différentes / Celui qui sort quand sa mère rentre / Celle qui le déteste un peu plus quand son oncle la flatte / Ceux qui s’arrangent pour ne pas prendre le même ascenseur / Celui qui a craché sur son miroir jusqu’à ne plus en subir le reflet / Celle qui ne supporte pas l’idée de rester seule avec elle-même / Ceux qui ont perdu la générosité de l’attention / Celui qui fixe des rendez-vous où il sait qu’il n’ira pas / Celle qui noie le poisson et te fixant de son air de carpe / Ceux qui changent de sujet à vue dans le faux débat / Celui qui te jure que son mensonge est LA vérité ce que d’ailleurs tout le monde admet à l'en croire/ Celle qui tombe par hasard (dit-elle) sur celui qu’elle tenait à rencontrer (prétend-elle) mais qu’elle rappellera (jure-t-elle) / Ceux qui se fuient sans pouvoir se quitter / Celui qui fait le mort et sera tenu pour tel / Celle qui prend un bus astral pour échapper aux contingences de la Secte / Ceux qui échangent mieux entre internautes qu’avec leurs conjoints tellement réels / Celui qui ne fait aucun reproche à sa mère pour avoir la paix / Celle qui se considère comme son propre cobaye en matière d’échecs sentimentaux / Ceux qui se cament à l’optimisme et n’en sont que plus minés / Celui que sa nature aimante empêche de jamais se retrouver vraiment à fond de cale / Celle que sa méchanceté naturelle a conservé comme une peau de serpent et ses crocs / Ceux qui sont devenus gentils à force d’être polis, etc.
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui parlent tout seuls

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    Celui qui a vu toutes les portes se refermer / Celle qui semble rejetée tacitement / Ceux qui restent interdits devant l’arrachage des arbres du Grand Parc aux fins de projet immobilier financé par les Russes / Celui qui voit ce qui se passe réellement et en conçoit une douleur non moins réelle / Celle dont l’innocente ritournelle est devenue litanie démente / Ceux qui ne retrouvent plus la paix qu’ils ont connue durant la guerre / Celui qui ne supporte plus l’euphorie battante de sa compagne Petula / Celle que leurs poèmes à l’eau de rose sur Internet fait gerber / Celle qui a vu ses fils partir à la guerre économique et en revenir battants ou battus ce qui revient au même à ses yeux / Ceux que le mépris des instruits paralyse / Celui qui aime son travail dont plus personne ne veut sauf quelques-uns qui auront peut-être des enfants amateurs de menuiserie ancienne va savoir / Celle qui n’admet pas l’inattention des hyperactifs / Ceux qui parlent comme des dératés / Celui qui parle à ses chiens Wilie et Sam qui lui répondent d’un même regard responsable et doux / Celle qui s’évade dans les films d’animaux / Ceux qui reprochent aux échos de leur répéter ce qu’ils leur ont dit sans la moindre touche perso / Celui qui se sent si désarmé qu’il pourrait se flinguer / Celle qui découvre qu’elle a été abandonnée par ceux qui l’ont adoptée / Ceux qui n’ont pas renoncé à leur devoir social en dépit de leurs droits bafoués / Celui qui a grandi tandis que ses succédaient sous ses fenêtres un garage en faillite puis un discount de matelas puis un Burger King puis un Multiplex dont les lumières du parking l’empêchent de dormir / Celle qui n’a plus besoin de mots après une bouteille / Ceux qui s’entendent le mieux en parlant fort les fenêtres ouvertes / Celui qui découvre sa première arme dans le miroir de la salle de bain de sa mère célibataire / Celle qui sait pourquoi son fils l’a abandonné et prend donc tout sur elle / Ceux qui évoquent les Coréens et les Chinois pour défendre leur Projet municipal pharaonique / Celui qu’on appelle le métrosexuel de l’Entreprise et qui ne parle à personne qu’aux ascenseurs / Celle qui n’agit dans l’Entreprise qu’en agissante assidue / Ceux qui se considèrent comme des chefs de meute et mordent à l’avenant / Celui qui reste celui qui gagne en martelant les parois intérieures du container dans lequel il a élu domicile après l’effondrement de l’Entreprise / Celle qui a tout perdu sauf le soutien du regard bleu acier de son Barbie Mec / Ceux qui suivent les rails désaffectés d’une voie de garage du Trans/Europe/Expresse en chantonnant des airs italiens , etc.
    Image: Philip Seelen.

  • Ceux qui ont peur de la vie

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    Celui qui s’est acheté de nouvelles jumelles pour surveiller le quartier des Roms / Celle qui dit aau tout jeune accordéoniste aux yeux verts siégeant devant la COOP qu’il ferait mieux d’apprendre un solide métier / Ceux qui constatent que leurs voisins n’ont toujours pas tondu leur pelouse comme il en a été convenu dans le quartier / Celui qui arrache soudain sa cravate et son costume d’employé du Receveur de l’Etat et se met nu dans le Bois de la Scie quitte à être désormais considéré comme perdu pour la société / Celle qui enduit de poix les mains de son fils André-Paul auquel son camarade de classe italien Peperone a donné l’exemple d’actes impurs / Ceux qui ne donnent jamais de pourboire à la serveuse portugaise du tea-room Les Bleuets qui a déjà bien de la chance d’avoir trouvé un emploi stable en dépit de son inconduite notoire / Celui qui dit à ses compères de billard qu’il n’en à rien à souder de l’asile qu’on lui refuse depuis 13 ans alors qu’on se couche devant Mobutu et consorts / Celle qui se demande où en est l’inventaire des clandestins en ville de Lausanne dont le nombre a toujours été sous-évalué par les médias à la solde de la gauche / Ceux qui estiment que les médias prétendus à la solde de la gauche sont majoritairement vendus à la droite / Celui qui téléphone à la police chaque fois que les dealers noirs s’attardent devant la boutique d’en face dont l’étalage genre bananes brunes et manioc fait de toute façon désordre / Celle qui réfrène un mouvement d’horreur en voyant se pointer chez elle le nouveau médecin de garde de type antillais / Ceux qui ont signé la pétition pour l’interdiction de tout jeu d’enfant sur la pelouse de l’espace arboré du condominium immobilier de L’Étoile du soir. / Celui qui se fait casser la figure par la bande des Albanais dont le plus séduisant lui a ostensiblement fait de l’œil dans l’autobus de la ligne 33 / Celle qui est tentée de dire que de toute façon tous ces noirs du quartier sont des dealers avant de se rappeler les paroles du pasteur Dumortier au sermon de dimanche dernier auquel assistait le nouveau diacre congolais à l’air réellement comme il faut / Ceux qui en sont arrivés à tout mettre sous clef y compris leurs clefs, etc.

    Image: Philipe Seelen

  • Ceux qui espèrent encore

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    Celui qui n’a jamais renoncé au fond / Celle que son aspiration fait respirer / Ceux qui veillent sur le passé comme sur un trésor discret / Celui qui bénit le vent salubre et l’eau vierge / Celle qui se défie de la facile euphorie / Ceux qui trouvent refuge dans la bonté / Celui qui éloigne les petits chats qu’il aime des petits oiseaux qu’il aime tout autant / Celle qui se sent trop petite pour ce trop grand amour / Ceux qui vacillent sous le poids de la certitude / Celui qui noie son reflet dans la lumière / Celle qui sent sa solitude s’agrandir dans la solitude du ciel / Ceux qui abaissent ce qui les dépasse / Celui qui sait que les âmes et les hasards se font écho / Celle qui considère son bonheur comme une épreuve / Ceux qui se demandent en silence ce que leur fera la mort personnellement / Celui qui voit en la mort une Convocation / Celle qui se remet du rimmel pour être présentable au cas où / Ceux qui meurent de leur vivant / Celui qui a peur de la mort parce qu’il l’est déjà / Celle qui répète qu’elle a tout préparé même les numéros des cantiques et les liste des donations par ordre de mérite / Ceux qui meurent de rage en établissant leur testament / Celui qui pense que « c’est la mort qui console hélas et qui fait vivre » / Celle qui se demande comment échapper à la pesanteur alors qu’elle n’a plus que du papier de cigarette sur ses os de verre / Ceux qui perdent la vérité en se la gardant / Celui qui se consacre au dosage du gris / Celle qui s’est purifiée dans la plus intense débauche / Ceux qui se fanent au lieu de fructifier / Celui qui estime que seul le saint peut dire que chaque instant compte sans se payer de mots / Ceux qui forment un Groupe de Recherche Spirituel dont ils excluent ceux qui ne pensent pas comme eux / Celui qui laisse la route entrer en lui pour avancer avec elle / Celle qui se gorge de saintes paroles comme de pâtisseries / Ceux qui nourrissent leur racisme d’une approche erronée de la nature charnelle de l’humaine créature / Celui qui pense que Dieu préfère lire en français qu’en arabe même classique / Celle qui a beaucoup tricoté pour les missions même des bonnets de skieurs / Ceux qui ont perdu leur latin à chasser le lapin / Celui qui voue un culte à son Objet / Celle qui ne voit que des preuves / Ceux qui croient qu’une catastrophe genre 1929 en 2010 rendra le monde meilleur, etc.

    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui s'enlisent

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    Celui qui a conclu que rien n’était plus à attendre des jeunes nés après 1980 / Celle qui a engagé la Jeep Cherokee Well Dream de son troisième mari dit Le Démolisseur dans une fondrière genre sables mouvants où vient de l’abandonner son jeun ami gitan Augustincito juste avant qu’elle ne découvre que celui-ci lui avait fait les poches sans oublier son nouveau portable Sony Ericsson / Ceux qui ne savent comment échapper aux prédateurs mielleux de la secte des Compagnons Célestes / Celui qui souffre surtout de ne souffrir que de manque de loukoums et ne peut s’en priver et s’en plaint à la Ligne de Cœur dont l’animateur le rabroue un peu / Celle qui s’enfonce sans se rendre compte qu’elle enfonce avec elle ses collègues du salon de coiffure À la Bonne Coupe / Ceux qui ont ruiné leurs parents et leurs enfants et partenaires au jeu de Qui perd casque / Celui qui s’immerge dans une rêverie dont rien ne pourrait le tirer que la nouvelle d’une nouvelle défaite du PSG / Celle qui rosit de confusion à chaque fois que son avion s’enfonce avec elle et ses compagnons de vol dans ce qu’elle appelle l’Intimité du Nuage / Ceux qui constatent que l’excessive douceur de l’infirmier Lambiel dissimule une fureur vindicative qu’il réserve au très vieux incontinents / Celui qui n’est à l’aise que dans la langue française du XVIIe siècle pour des raisons musicales sinon physiologiques / Celle qui est devenue sœur visitante quand elle a constaté quel marais visqueux était le mental masculin / Ceux qui se perdent en flatteries jusqu’à se couper parfois / Celui qui s’envase dans les compromis affectifs sans renoncer à ses pulsions de sangsue / Celle qui se retire à Senlis où tout le monde la surnomme Pimprenelle et la félicite pour ses livres spirituels à la Bobin qui lui valent de passer à la télé privée locale surtout vers les Fêtes / Ceux qui s’enlisent quand on les laisse sans laisses, etc.
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui ne comptent pas

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    Celui qu’on oublie sans faire exprès / Celle qui est naturellement effacée / Ceux qui n’aiment pas être vus même nus / Celui qui est toujours au jardin sauf les jours de retombées radioactives / Celle qui n’apparaît pas dans la liste des rescapés et se sent d’autant plus libre / Ceux qui sont si fâchés avec les chiffres que leurs bons comptes ne leur valent même pas d’amis / Celui qui s’exprime par sa note de frais / Celle qui donne toujours un peu trop (se dit-elle en se le pardonnant somme toute) aux mendiants / Ceux qui n’ont pas d’existence bancaire reconnue / Celui qui suscite des jalousies à proportion de son désintéressement à peu près total je dis bien à peu près / Celle qui n’est jamais invitée chez les Dupontel à cause de son fils disparu la même année que leur chien Bijou / Ceux qui ne se sont jamais départis de la mentalité bas-de-laine de leur mère-grand Agathe la Bonne / Celui qui aime que les choses soient claires et préfère donc les tulipes blanches et le IVe Concert Brandebourgeois de JS Bach/ Celle qui se dit qu’elle compte pour beurre ici-bas et se console à l’idée que le Très-Haut lui réserve un Bonus / Ceux qui ont compris qu’ils n’étaient rien de plus qu’eux-mêmes dans le métro matinal de Tôkyo / Celui qui essaie de se situer en tant que poète belge en traversant le quartier de Kanda (au centre de Tôkyo) où voisinent environ deux mille bouquineries / Celle qui a plusieurs dépucelages à son actif sans savoir exactement combien / Ceux qui n’ont jamais misé sur le don vocal de leur neveu Paul Anka (chanteur de charme à l’époque) qui en a été secrètement affecté / Celui qui est plutôt Sénèque le matin et plutôt Néron le soir / Celle qui divague sur son divan de Diva / Ceux qui ricanent de Mademoiselle Lepoil militant au Conseil de paroisse en faveur de la reconnaissance de l’âme des hamsters femelles / Celui qui invoque les Pères de l’Eglise pour faire passer son message punk à la base / Celle qui use de sa muse pour emballer les jeunes nigauds qu’elle convoite / Ceux qui ont des voix de pasteurs noirs qui font bêler les brebis blanches / Celui qui n’a jamais compté les cadavres que son père et lui ont repêchés dans le fleuve / Celle qui n’a plus de créneau dans son Agenda pour caser un moment genre Où en suis-je Edwige ? / Ceux qui sont devenus meilleurs artisans à l’atelier Bois de la prison des Fleurettes / Celui qui reste fidèle à ses erreurs de jeunesse avec un peu plus de métier faut reconnaître / Celle qui fait commerce de ce qui brille et ne récolte pas or pour autant / Ceux qui ont gardé le goût des vieilles Américaines fleurant bon le cuir et le chewing-gum dans lesquelles ils emmènent les veuves de leurs meilleurs amis, etc.
    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui se disent artistes

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    Celui qui doit se cuiter pour créer / Celle qui sent qu’elle va écrire un poème / Ceux qui parlent volontiers de l’aporie du concept dans la tendance néo-géo finissante de l’école slovène / Celui qui attend une subvention fédérale pour écrire LE livre qui dénoncera enfin l’emprise de l’Etat sur la création / Celle qui affirme penser comme elle danse / Ceux qui adulaient Josef Beuys à vingt ans et qui font aujourd’hui commerce d’icônes avec une organisation mafieuse d’Ukraine centrale / Celui qui est devenu peintre contre l’avis de sa tante Gerda qui le subventionne depuis lors à hauteur de 7000 euros par mois / Celle qui dit qu’elle a l’âme artiste un peu comme Hundertwasser dont elle collectionne les séries de chaises pliantes à motifs gais / Ceux qui collectionnent les sacs de papiers témoignant de leurs pérégrinations muséales / Celui qui peint des mandalas sur des ailes de libellules naturalisées / Celle qui dit nous autres créateurs en ouvrant son buffet top aux plasticiens du quartier du Flon / Ceux qui se mettent d’accord sur le fait qu’un ciel de Dufy reste un ciel de Dufy mais que le cadre peut encore en rehausser l’éclat / Celle qui se paie un Vlaminck en accord avec les rideaux du grand salon de sa villa de Monaco / Ceux qui prétendent avoir été sucés par Niki de Saint-Phalle / Celui qui estime que Jeff Koons a tout compris /Celle qui dit interroger les potentialités de la faille dans ses photos de schistes tyroliens / Ceux qui estiment qu’on devrait traiter la création contemporaine au Karcher / Celui qui réduit la notion de beauté à un fantasme petit-bourgeois / Celle qui se peint ses ongles à la laque de carrosserie / Ceux qui se paient une biche dans la clairière à l’expo-vente des Nouveaux Figuratifs du Bas-Limbourg / Celui qui humilie sa nouvelle femme de ménage en lui annonçant le prix de la statue Dogon qu’elle a failli renverser tout à l’heure / Celle qui répond à son beau-frère qu’elle n’en a rien à sacquer des écrits sur l’art d’Elie Faure / Ceux qui offrent toujours un poster de Rothko à un jeune ménage en train de s’installer / Celui qui se vante d’avoir posé nu pour une cubiste des années 40 / Celle qui a liquidé à l’Armée du salut trois toiles sales de Paul Gauguin offertes par celui-ci à son oncle débauché dont elle espérait que l’héritage lui permettrait de ravaler la façade de son pavillon en val d’Oise / Celui qui ne jure que par l’Arte Povera dans son loft de Milan / Celle qui se dit plutôt Land Art après sa période déconstructiviste / Ceux qui invitent volontiers le féroce critique Mauser dans leurs soirées de marketing Top Coiffure / Celui qui change de galeriste à chaque fois qu’il explore une nouvelle tendance / Celle qui ne va jamais en vernissage sans son voyou croate à collier de force qu’elle tient bien court en laisse / Ceux qui estiment que l’art restera l’art tant que le marché restera le marché, etc.

    Image: Jeff Koons et la Cicciolina. Sérigraphie estimée à 80.000 euros.

    Cette liste fait partie de la première série publiée en 2008 dans Ceux qui songent avant l'aube à l'enseigne de Publie.net, toujours disponible

  • Ceux qui restent à part

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    Celui qui s’éclaire à la loupiote argentine / Celle qui s’écoute pousser dans la nuit de l’âge / Ceux qui usent de mots lisses comme des galets / Celui qui craint la colère du Chinois de la laverie / Celle qui marche pieusement non sans murmurer des invectives entre ses dents très serrées / Ceux qui palpent sereinement les nappes blanches de l’hôtesse noire / Celui qui rêve d’une île où se retrouveraient ses chefs de projet et qu’on n’en parle plus / Celle qui vendrait son âme pour une soupe à la courge / Ceux qui ont la nostalgie du fumet de céleri / Celui qui voit dans la cuisine une émanation du chimisme amoureux / Celle qui résiste au DDT en carotte de caractère / Ceux qui réhabilitent les potagers frappés par le mauvais sort / Celui qui rame dans la brume de l’étang aux gisants lumineux / Celle dont les pleurs refroidissent l’ambiance du vernissage de l’expo dite Aux Larmes Retenues / Ceux qui estiment que la vie après Dalida n’est plus ce qu’elle fut / Celui qui ne comprend pas que tu ne comprennes pas que sa collection de Panini le mobilise de plus en plus au niveau du financement / Celle qui t’offre la place du mort après t’avoir demandé ton âge / Ceux qui parlent de la dimension ludique de l’enterrement du DJ / Celui qui cherche au GPS le village global dont la télé à parlé au TJ / Celle qui affirme que son hémisphère gauche vaut bien le droit de son conjoint Paul / Ceux qui disent que la nouvelle de la mort de Garcia Marquez serait un scoop sans être sûr qu’il est encore vivant, etc.
    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui se lâchent

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    Celui qui ose enfin dire franchement à son chef de bureau qu’il n’est qu’un b… de f… de p… à la c… / Celle qui avale douze meringues d’affilée en soupirant de volupté presque dénuée de culpabilité / Ceux qui seraient prêts à tout dire sur le plateau de Delarue qui ne les invite hélas jamais / Celui qui se jette sur la psychologue qui l’a enjoint de s’exprimer à tous les niveaux / Celle qui déclare à l’assemblée de paroisse que le nouveau pasteur la fait carrément jouir quand il parle en chaire / Ceux qui sont en rut à l’époque des amours forestières et brament tout pareillement aux cerfs dans le quartier des Bleuets / Celui qui s’entend dire à la sortie de la Mairie que jamais elle ne lui pardonnera d’avoir regardé son témoin Patrice avant de lâcher un oui presque inaudible / Celle qui ose dire à sa belle-mère qu’elle va faire de son fils un amant performant / Ceux qui se laissent abattre par lassitude ou paresse / Celui qui remonte la pente en train de s’effondrer / Celle qui pète les plombs dans l’usine à gaz / Ceux dont le sens pragmatique n’exclut pas celui du sacré / Celui qui se sent fourmi de bonheur au milieu des cigales stressées / Celle qui prétend que c’est quand on a tout perdu qu’on retrouve une raison de vivre alors que le coach spirituel de l’Entreprise affirme que c’est quand on croit avoir une raison de vivre qu’on risque de la perdre en oubliant le facteur Rendement / Ceux qui font les cent pas avec leur oreillette Bluethooth qui les fait ressembler aux gardes du corps d’un ministre quelconque / Celui qui passe la serpillière avec son MP3 en mâchant de la réglisse / Celle qui choisit pour sa marâtre une urne genre vase grec pour jardin arboré / Ceux qui ont introduit du Viagra à l’Etoile du soir et en mesurent les effets collatéraux / Celui qui épousera Samantha par contumace puisque seule sa fortune est encore de ce monde / Celle qui était dans la Jag au moment de l’accident et qui n’héritera donc rien de Samantha / Ceux qui se retrouvent entre nez pour des festins d’odeurs / Celui dont le vrai jumeau est un faux jeton / Celle qui a posé les scellés du veuvage sur son cœur (dit-elle) tout en piaffant déjà d’impatience / Ceux qui virent un chèque à leur génitrice en précisant qu’ils ne pourront se libérer ce jour de la Fête des Mères mais qu’ils pensent à elle malgré la distance et le cours de la Bourse, etc.
    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui restent tout joyeux

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    Celui qui conserve à tout coup son allégresse de manchot radieux / Celle qui pète le feu de Bengale et se la joue Byzance sur son ottomane / Ceux qui se laissent aller bien / Celui que ses outils attendent dans la claire lumière du matin / Celle qui tricote un paysage aux lointains de mohair vaporeux / Ceux qui prennent le raccourci dit de Satan l’éclair / Celui qui sponsorise le Club des inventeurs de proverbes chinois dont la cave ne contient que de grands crus / Celle qui recueille les petits rats d’opéras sur son navire-école grouillant de mousses / Ceux qui arrosent tous les matins leur langage fleuri d’un long jet de leur chique / Celui qui sait par cœur toutes les chansons de marche propices à l’entretien de la Joyeuse Equipe sur les chemins de France et autres cantons latins / Celle qui tient le bugle dans la Fanfare du Grillon / Ceux qui ont vidé la cagnotte de la Société des picoleurs et constaté qu’ils étaient fins prêts à «faire la Chine» / Celui qui gère la crise de neurasthénie de son neveu Raoul dont le père voulait faire un spéculateur à tout casser et qui écrit des poèmes à la Lamartine première période / Celle qui se découvre une nouvelle personnalité en jouant du saxo piccolo à la kermesse des Chanterelles / Ceux qui s’impatientent de la retraite pour faire la gueule à plein temps / Celui qui a chopé une fluxion de poitrine en posant nu avec une foule pour une photo de Spencer Tunick où on ne le verra même pas ça je te parie / Celle qui apprend dans un tabloïd qu’elle a sept jours pour sauver ses cheveux / Ceux qui contestent le fait que Cheryl Cole serait la femme la plus sexy de l’année alors qu’on n’a même pas testé les filles du Jura Sud / Ceux qui ont fait l’amour virtuel et se cherchent maintenant une garderie pour leurs cyberkids / Celui qui beurre les radis des potaches / Celle qui se sait reine des entrepôts New Look sur le canapé d’alcantara de la boutique branchée à l’enseigne de Manioc / Ceux qui font deuil à part aux quatre coins du cimetière réhabilité / Celui qui éclate de rire pendant l’éloge du défunt dont le pasteur suçait la fortune et pas que ça / Celle qui capte à peu près tout à part l’urgence de s’inscrire au Front national des gauches recyclées / Ceux qui ne supportent plus ton enthousiasme qu’ils assimilent à un relent d’hystérie adolescente qu’ils te proposent de soigner en thérapie de groupe / Celui qui voit les étoiles de Midi sans mérite particulier puisqu’il chemine sur une arête neigeuse à 4444 m. au-dessus de la mer dont les propres étoiles font les humbles dans le tréfonds de velours mauve / Celle qui dit à son fils Paul en pole position de la F1 UBS qu’il n’a pas le droit à l’erreur alors que ce garçon brille au clavecin / Ceux qui ne voient pas la beauté de cela simplement qui existe, etc.
    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui ne font pas le poids

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    « Tu fais pas le poids, p’tit pois…faut t’y faire… »
    (Céline apocryphe)


    Celui qui se tait dans l’Abbaye en ruines / Celle qui prétend que la Toscane n’est plus ce qu’elle fut en sa jeunesse romantique / Ceux qui se retrouvent à San Galgano pour une partie de canasta arrosée de Brunello di Montalcino cadeau de leur pote Mauro / Celui qui coupe les tresses des jeunes filles hélas de plus en plus rares à se natter / Celle qui ramène tout à l’inessentiel / Ceux qui ferraillent avec des épées de papier de soie / Celui qui perd du terrain miné / Celle qui se voit exclue du Club des Libertine pour refus répété de se laisser sodomiser par le Sénégalais du quartier qu’est tellement super à la chose / Ceux qui se tiennent à la rampe du nihilisme ambiant / Celui qui décide de changer de vie sans trop savoir comment donc y faut qu’y se renseigne / Celle qui renonce à dépoussiérer la cervelle de son beau-père podagre et toujours mal luné / Ceux qui se réjouissent d’avoir toute une journée devant eux à ne faire que peindre des oiseaux sur des tasses de porcelaine / Celle qui prend (dit-elle) l’escalator du ciel pour dire qu’elle va causer avec son Dieu à la chapelle des Oiseaux / Ceux qui préparent (disent-ils) un grand coup d’épée dans l’eau / Celui qui ressent physiquement la présence de l’Adversaire en lui / Celle que la lecture de Dr Jekyll et Mr Hyde plonge dans un saisissement à caractère métaphysique surtout dans la confession finale de Jekyll / Ceux qui restent fidèles par manque d’imagination mais pas seulement /Celui qui essaie de résister à la vague d’indiscrétion submergeant la Toile / Celle qui ne supporte plus les grimaces des intelligents ou supposés tels / Ceux qui font étalage médiatique de leur humilité / Celui qui est tellement barjo qu’il estime urgent de lire la démolition de Freud par le sieur Onfray / Celle que son bon sens paysan a toujours protégée de la niaiserie freudienne de sa cousine psy / Ceux qui se sont libérés de leur complexe d’Œdipe en couchant avec leur père-copain avant de pousser leur mère castratrice dans l’escalier ou du haut de la falaise c’est à choix docteur / Celui qui passe pour réactionnaire parce qu’il réagit à la stupidité massifiée des épigones du freudisme et de l’anti-freudisme / Celle qui trouve que Freud est un formidable écrivain sans prêter aucun crédit à sa petite tendance Père de la Nouvelle Eglise / Ceux qui n’en ont rien à scier de tous ces lacancans / Celui qui conserve ses rêves de jeunesse dans un bocal de formol / Celle qui est royaliste par amour de la langue française qu’elle dit mondialement souveraine / Ceux qui se réconcilient avant qu’il ne soit trop tard pour s’engueuler encore un peu / Celui qui découvre sa première érection et s’exclame : putain mais c’est quoi ça ? / Celle qui ne joue jamais de la flûte de son mari Paul qui s’en ouvre à un sexologue de la place plutôt lucide au niveau du partage des responsabilités et ensuite ça roucoule ma poule / Ceux qui observent le manège nocturne des blaireaux, etc.

    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui jubilent


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    Celui qui se tire des balles à la seule idée de manquer une des merveilles de la nature et de la peinture à l’huile ou à l’eau que lui offre son bref séjour terrestre d’addict à la nicotine / Celle que la beauté du monde irradie même quand elle n’a pas fait son make up / Ceux qui ne se cachent pas pour admirer ce qui mérite de l’être / Celui que son enthousiasme rend parfois un peu con mais c’est moins grave que de faire la gueule ou de n’aimer rien / Celle dont la seule façon de langer Baby est une louange / Ceux que l’obsession sexuelle entêtante qui les taraude empêche de voir la beauté des corps quels qu’ils soient même moches et sûrement invalides selon les normes de l’industrie à fantasmes tournant à plein régime / Celui qui s’inquiète de tous les modes de dégradation de la personne humaine / Celle qui vit selon la morale à papa et ne s’en trouve pas plus mal en dépit des lazzis et des horions qu’elle subirait dans les boîtes échangistes dont elle ignore à vrai dire l’existence / Ceux qui ont identifié en Cézanne ou en Mozart des espèces de saints / Celui qui fait sienne l’idée selon laquelle Bach serait le cinquième évangéliste / Celle qui se détourne de tout ce qui lui gâche la vue en salissant ce qu’elle appelle la prunelle de ses yeux / Ceux qui apprennent l’art aussi difficile de ne pas se contenter de peu que de se contenter de pas beaucoup / Celui qui épingle les imbéciles au moyen d’aiguilles imaginaires qui ne leur font pas de mal mais qui lui font du bien / Celle qui éprouve un frisson de sauvage magie à lire Lolita dans sa version américaine / Ceux qui plient sous le poids du monde mais ne rompent point / Celui qui estime que l’inattention est un péché / Celle qui étudie minutieusement les cercles hachurés représentant les interactions du bien et du mal dans les métamorphoses de Jekyll en Hyde / Ceux qui portent le masque de celui qui les rêve / Celui qui rêve qu’il est un coruscant scarabée de chocolat retourné sur le dos dans la vitrine de cette pâtisserie jouxtant le Montreux Palace que Vladimir Nabokov fréquentait / Celle qui passe la poussière avec ses gants blancs de mariée proche de fêter ses noces d’or / Ceux qui savent tout de la peinture de Cézanne sauf ce qui les fait l’aimer / Celui qui ramène le goût de certains pour les arts à une surévaluation des illusions psycho-rétiniennes / Celle qui n’a pas assez d’huile pour sa lampe mais n’en éclaire pas moins son entourage par sa seule présence / Ceux qui se réjouissent de ce qu’il y ait trop de tout au lieu qu’il n’y ait pas assez de rien / Celui que la seule vision d’un chevreuil ce matin a suffi à mettre en joie en attendant que se repointent les chèvres bottées / Celle qui nourrit les pigeons au pied de la statue du politicien qui les a tirés toute sa vie / Ceux qui promènent leur corps dans le verger aux tentations et le laissent un peu trotter avant de le ramener au paddock de l’Entreprise, etc.
    Image : Philip Seelen.

  • Ceux qui tendent au Contrôle

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    Celui qui agit toujours sur pesée d’intérêt / Celle qui sait ce qu’elle fait même quand elle ne fait rien / Ceux qui invoquent la menace du Système avant le moindre signe perceptible de quoi que ce soit / Celui qui ne juge que les fautes tenues pour telles par le Consensus / Celle qui assimile toute réflexion éthique à une prise de tête / Ceux qui invoquent la logique comme une instance animiste / Celui qui a toujours laissé ses femmes gérer sa fortune dont l’effondrement ne le chagrine que pour elles / Celle qui a confié sa carte de crédit à son amie scientologue et en constate les effets matériels à motifs il est vrai spirituels / Ceux qui ont renoncé au culte de Maman pour embrasser celui de Mammon / Celui qui sent qu’on attend qu’il consente à dire le mot / Celle qui se dit la Tour de contrôle de son Hollandais volant  / Ceux qu’une même soif de vertu rassemble dans le Bunker des Justes / Celui qui affirme que Vincent (Van Gogh) a manqué d’un bon psy et d’une amie sûre / Celle qui pense qu’elle aurait pu guérir Francis (Bacon) de son éthylisme chronique et de sa déviation sexuelle prononcée / Ceux qui estiment qu’il y a un Génie par génération mais pas toujours en France / Celui qui pratique la composition séquentielle avec des bouts de fer et des bouts de papier carbone dont il mixe les frottements au moyen d’un ordi super sophistiqué en tout cas c’est nouveau / Celle qui pense que Rembrandt n’aurait rien fait de bien sans sa mère et sa fidèle épouse qui étaient quand même aux fourneaux on l’oublie / Ceux qui achètent des rames de papier et commandent des roses pour écrire comme Garcia Marquez / Celui qui contrôle les finances de l’Entreprise tout en aimant rappeler sa rencontre avec Jean Cocteau mais ce n’est pas ce que vous croyez non non non / Celle qui s’est mise à la peinture sur porcelaine qui lui reviendra moins cher que son antidépresseur / Ceux qui considèrent l’écriture comme un chouette hobby / Celui qui présente les premier poèmes lettristes de son fils Justin (quatre ans) à un ami éditeur introduit dans les médias / Celle qui se dit que si Marc Levy ramasse des millions pourquoi pas elle ? / Ceux qui fondent le collectif Nouvelle Pléiade destiné à restaurer l’Amour courtois dans les banlieues sensibles / Celui qui fait l’acquisition d’un Stradivarius et se rend bientôt compte que le jouer va lui demander de prendre des cours et trouver du temps qu’il n’a pas donc la seule solution sera le safe vu la recrudescence des vols dans les beaux quartiers / Celle qui se décide enfin à écrire au Vatican pour leur dire de faire retraite loin des tentations / Ceux qui savent qu’ils sont des Rimbaud en puissance mais préfèrent se lancer dans de solides études qui leur permettront de faire du commerce dans la région d’Aden et du Harrar où c'est reparti depuis quelque temps, etc.

    Image :Philip Seelen

  • Ceux qui font ce qui se fait

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    Celui qui nage dans le couloir marqué Tortue / Celle qui offre un slip de bain genre léopard à son neveu Léonard / Ceux qui s’excusent de lâcher un vent dans l’ascenseur bondé alors que le matin les eaux de toilette font couverture / Celui qui fait à la Suzanne de l’Auguste ce qu’il faut pour qu’elle lui donne dans neuf mois un futur repreneur de l’Affaire donc en espérant un mâle et le bon numéro / Celle qui fait sous elle tellement elle en bave à l’examen d’économie politique / Ceux qui font un secret de ce qu’ils font dans le paddock après avoir aveuglé la jument Polonia / Celui qui apprend son catéchisme par cœur que la monitrice de l’école du dimanche lui fait réciter à toute pompe en ne cessant même de lui dire abrège abrège / Celle qui prétend voir la mère de Dieu quand elle ferme les yeux et convient finalement que c’est à Jésus qu’elle fait de l’œil / Ceux que l’idée de pisser ailleurs que dans un pissoir n’effleurerait pas même en Turquie du Sud et qui prennent donc leurs dispositions avec les Agences Ad Hoc / Celui qui est né notaire et s’est découvert aigrefin vers la vingtième année et réalise donc sa vocation avec une effrontée réussite / Celle qui fait des rêves strictement freudiens avec baise incestueuse et conclusion à l’asile des aveugles pour son fils à cheville fragile / Ceux qui marchent sur les eaux à l’imitation de Notre Seigneur en s’aidant de palettes spéciales appareillées à Taiwan / Celui qui met son chapeau et se signe à chaque fois que son épouse Simone-Agathe le lui indique d’un geste impatient / Celle qui exige un mariage dans la norme cantonale et que son mari le premier soir mais au final la prenne par derrière comme le lui ont recommandé ses amies du Tupperware Club / Ceux qui rêvent d’une success story genre Onfray en plus popu pour leur fils bègue dont les talents de philosophe de télé se sont révélés à l’émission de Cauet / Celui qui remarque qu’avec un roi la reine n'aurait pas besoin d’être chanteuse de charme en plus / Celle qui n’envie Carla Bruni que pour le King Size de l’avion présidentiel dans lequel ont fait ça au-dessus des nuages et des vicissitudes / Ceux qu’on invite parce qu’ils font bien dans le décor et plus si affinités au niveau du carnet d’adresses, etc.
    Image: Philip Seelen.

  • Ceux qui apprennent par coeur


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    Celui qui s’est formé le goût en apprenant Baudelaire par cœur dans la clairière de la forêt jouxtant sa maison natale / Celle qui s’abreuve toujours à La Fontaine / Ceux que j’endormais en leur récitant Booz endormi à treize ans et des poussières / Celui qui s’est rebellé contre ses profs à longs cheveux qui prétendaient que mémoriser de la poésie ne se faisait plus / Celle qui ne cesse de marmonner dans la rue des bribes d’un délire et l’on entend ainsi « l’hiver nous irons dans un petit wagon rose » / Ceux qui ne retiennent rien et sont donc vides / Celui que le goût premier pour Verlaine a lassé et que celui de Rimbaud fait toujours flamber / Celle qui se cachait de ses camarades de l’école de commerce pour se dire de nouveaux vers du vieux Jammes / Ceux qui slament dans le tram / Celui qui savait des stances entières de Saint-John Perse à quinze ans et qui les mit en veilleuse pour lire Lénine dont il a tout oublié alors que lui revient ce vers obscur : « Les spasmes de l’éclair sont pour le ravissement des princes en Tauride »… / Celle qui juge de la poésie à sa capacité d’être mémorisée et balance donc les neuf dixièmes de ce qui se fait actuellement au tréfonds de ses oubliettes / Ceux qui contresignent cette note de Marcelin Pleynet dans sa belle et bonne Chronique vénitienne (Gallimard, mars 2010, p.41) : « Le par cœur est un talisman qui incite au voyage » / Celui qui n’a jamais su par cœur que le numéro de son compte en banque, etc.

    Image: Philip Seelen