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  • Portrait de femme fumant sa clope

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    L’on ne dira pas qu’il y a de la femme-enfant chez Léa, mais de l’enfance et de l’adolescence, d’une incorruptible fraîcheur au dam de tous les jeux de masques et de rôles auxquels elle se prête sans les prendre jamais trop au sérieux, sauf quand le vrai sérieux s’impose de soi.

           Léa solitaire fumant sa clope : tel est le plus beau dessin qu’ait réussi Théo durant les relevailles d’après la naissance de Chloé, dans la relative insouciance d’une embellie printanière en leur ancienne demeure de l’arrière-pays, comme si sa nouvelle vie, ou plus exactement ses trois nouvelles vies, plus Théo et son énergie plombée d’angoisses, valait ce jour-là cette sèche de répit.

           On note alors que, pas plus qu’elle n’est capable de mentir, Léa ne semble disposée à laisser tomber cette sale habitude de fumer, tout au moins un jour sur deux, comme il en va de nombreuses décisions prises par elle tel jour et qu’elle contredit le lendemain, sans la moindre difficulté ni la moindre apparence d’incohérence ou d’irrésolution, alors même que ce balancement des points de vue la rend tellement autre que les autres et tellement attachante – ce qui devrait se voir aussi sur le portrait.

           Tels sont en effet les natifs du signe des Dioscures, qui oscillent à tout moment entre leurs deux pôles et n’en finissent pas d’hésiter, voire de tergiverser, dont certains cependant, et c’est vrai pour Léa, tirent de leur double nature un entendement plus ondoyant des nuances de la réalité.

           Léa tient sa clope, sur le plus beau des dessins de Théo à notre connaissance, comme s’il en était d’un crayon ou d’un diapason de musicien, et tout le dessin semble fait d’un seul trait comme il en irait d’un seul trait de pinceau chinois, mais ce n’est pas tout à fait exact, et peu importe d’ailleurs : c’est un dessin d’une ligne parfaite dont l’épure va jusqu’à figurer, par du vide, le coin de meuble sur lequel Léa est accoudée, pesant à peine de tout son corps détendu et paraissant allégé dans sa posture à la fois nonchalante et ferme, rêveuse et la cibiche réduite à un trait oblique qu’on pourrait prendre, sur la main de Léa, pour un anneau d’alliance qu’à vrai dire elle n’a jamais porté, pas plus que Théo.    

           Dans une autre époque on eût peut-être parlé de main de maître  au vu de ce dessin, mais les temps qui courent exaltent plutôt le bâclé et le graffiti, le pseudo brut ou le pseudo déjanté dont Théo s’est toujours fait le contempteur véhément. En revanche il est plus que probable que ce dessin sans âge eût comblé l’empereur de la fable chinoise et Théo, du vivant de Gulley Jimson, aurait sans doute reçu bon compliment de son premier mentor.

           Telle était en tout cas, à l’épure, la Léa quadra d’après les premiers pas de Chloé, à laquelle il faut ajouter désormais ce qu’on pourrait dire le bronze de la sexa.

           Or un dessin, si parfait fût-il, n’est que l’approche d’un portrait appelant les couleurs, et c’est donc à d’autres révélations des vérités de la chair  qu’aspirent à présent les mains de Théo.

     

    (Extrait d'un roman en chantier)

  • Ceux qui sont en réunion

     

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    Celui qui se fait porter pâle par son nègre / Celle qui te fait remarquer qu’on ne dit plus nègre mais employé de surface littéraire /Ceux qui réseautent leurs utilités en termes de parts de marché noir / Celui qui t’attend quelque part dans la série Labyrinthe sans préciser dans quelle saison ni dans quelle boutique Saveurs & Senteurs du vieux Carcassonne / Celle qui te surprend en conférence alors que tu te prétendais en réu /Ceux qui sont en déplacement dans le même lit mais pas avec le « contact japonais » annoncé aux conjoints respectifs / Celui qui appelle l’Apocalypse « le vrai truc » / Celle qui se demande s’il n’y avait pas une couille dans l’ADN de son ex noiche / Ceux qui ne sont plus les mêmes depuis le bug de l’an 2000 / Celui qui ne se contente pas de McNuggets vu qu’il prétend (Mac le Marin en est témoin) valoir mieux que ça / Celle qui encourage son psy à lire Après l’orgie pour le préparer à ce qui va suivre / Ceux qui se disent du côté des abeilles qui en font un buzz / Celui qui est à côté de ses pompes même pas cirées pour la réu des cadres libérés / Celle qui attend Celui qui n’attendra pas une éternité même s’il ne s’est pas mouillé en marchant sur les eaux contre toute attente / Ceux qu’on taxe d’oiseaux blessés au vu de leurs poèmes effectivement graves / Celui qui se prétend en interview avec Alexandre Jardin qui prétend avoir des choses révolutionnaires à dire mais ni ceci ni cela n’est vraiment sûr d’ailleurs c’est l’époque qui veut ça comme l’affirme Anna Todd dans la 3esaison d’After dont il n’y a que les jaloux pour dire que c’est de la daube molle ça c’est sûr / Celle qui a stocké 200 packs d’eau de Vichy (les Célestins) dans son bunker souterrain sécurisé « en cas de pépin » / Ceux qui ont demandé à leur secrétaire (Nancy, Kelly ou Kevin selon les goûts) de les réveiller en cas de fin du monde vu qu’il ne faut pas manquer ça au dire du mage Attila Attali, etc.

    Peinture: Terry Rodgers