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  • Le cosmos jardiné

     

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    À propos de la lecture de Cosmos, "premier livre" de Michel Onfray. 

    Je me trouve assez partagé à la lecture de Cosmos de Michel Onfray, entre l’attention sympathisante que suscite son premier hommage au père disparu, dont il célèbre la noblesse discrète de sage paysan, et l’agacement devant la présentation ronflante de son projet « cosmique », m’évoquant un peu Bouvard et Pécuchet en leur plan de jardiner l’univers. 

    L’auteur parle de son « premier livre » alors qu’il en a publié plus de quatre-vingt, et je le lis en effet comme un premier livre vu que tout ce que j’ai lu jusque-là (ou entendu à la radio) de ce brave prof de philo catapulté penseur médiatique mondial, m’a toujours laissé sur ma faim, à commencer par son si sommaire et péremptoire Traité d’athéologie me rappelant si fâcheusement les écrits non moins simplistes d’un Raoul Vaneigem (auquel il est d’ailleurs dédié) ou le scientiste Pour en finir avec Dieu de Richard Dawkins, tellement moins subtils et pénétrants que La Folie de Dieu d’un Peter Sloterdijk. 

    Cela étant, je tiens à lire Cosmos attentivement, dont les cinquante premières pages me font mieux comprendre pourquoi je vomis, aujourd’hui, le culte hédoniste esthétisant la gastronomie et divinisant les senteurs & saveurs du bon vieux terroir - tout cela qui me semble tellement affecté et, paradoxalement, si dénué de naturel.

    De fait, le long chapitre consacré à la quête « biographique » des millésimes ponctuant la vie et les œuvres de Michel Onfray, au fil d’une dégustation « sublime » entre connaisseurs titrés, m’a déjà semblé d’une complaisance narcissique et d’un pédantisme pseudo-poétique des plus douteux. 

    Ce « parcours » des meilleurs crus de champagne, suivant une remontée du temps qui vise finalement le millésime 1921, date de naissance du père du « philosophe », m’a plutôt assommé par sa surabondance de « notes » gustatives, et d’autant plus que me manquent une langue et un style – la langue et le style d’un Bachelard par exemple; me manquent une musique ou la folie d’une pensée réellement personnelle et originale, me manquent le « fruit » et la « bête » d’un Joseph Delteil puisque, aussi bien, c’est de sensualité pensante qu’il devrait s’agir là. 

    Aussi, la visée cosmique  de Michel Onfray, manque terriblement d’esprit « cosmi-comique », ou plus simplement dit: du moindre humour, et je maintiendrai, pour ma part, ses guillemets au « philosophe » tant qu’il se montrera fondamentalement si prof à la démonstration, pour ne pas dire si pion.  

    Mais il me reste 500 pages en sorte de mieux « apprécier » le ragoût…

     

    Michel Onfray. Cosmos. Flammarion, 568p.