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  • Au secours série suisse !

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    D'une adaptation crédible du Chien jaune de Simenon, au premier épisode consternant d'une nouvelle série de la télé romande, intitulée Station Horizon et cumulant tous les poncifs ringards... 

     En faisant tout à l’heure mes 30 kilomètres de home-cycle sur place alors que le soleil descendait sur le lac, j’ai regardé Le chien jaune de Simenon, adapté au ciné par Claude Barma, avec Jean Richard dans le rôle de Maigret. Vraiment pas mal, dans un noir-blanc tantôt velouté et tantôt plus dur rendant bien le climat portuaire (à Boulogne-sur-mer) de cet épisode plombé par le portrait de groupe de deux abjects personnages, ratés et salauds. Quant à moi, je préfère Gabin en Maigret, mais l'humanité profonde de Simenon, et son art du détail   révélateur et des arrière-plans, sont ressaisis par le cinéma, les images et les silences de ce film sans prétention.

     

    Ensuite, en prime time, j'aurai bonnement subi les vingt premières minutes d’une nouvelle série de la télé romande, intitulée Station Horizon et se la jouant western bike-movie sur fond de montagnes valaisannes. Or, autant le découpage du Maigret, ses personnages et son dialogue sont reconstruits dans l’esprit du romancier, avec intelligence narrative et sensibilité, autant le feuilleton romand défaille illico par manque de psychologie, accumulant les clichés et les références-poncifs sans  aucun ancrage crédible. 

     

    À croire que, dans ce pays où il y a tant de matériau  social, ou bonnement humain, à travailler, l’on soit infoutu d’imaginer autre chose que du copié-collé pseudo-amerloque platement nostalgique (la séquence supérieurement idiote où l’ex-taulard biker barbu explique à  une petite-fille que de son temps on voyait des films en plein air sans forcément regarder l’écran tu-comprends-petite-ouais-je-comprends), et que je te colle une affiche de La fureur de vivre en arrière-plan et que je te sorte la musique à bouche pour musique à boucher le trou de tout ce vide…  

     

    Le cher Nicolas Bideau, toujours à la pointe du marketing culturel, disait il y a peu son désir de séries suisses cartonnant dans la foulée de Borgen, et c’est vrai - Jean-Stéphane Bron l’a prouvé avec Le génie helvétique, avant le formidable docu-fiction qu’il a réalisé avec Cleveland contre Wall street – que la Suisse pourrait être le décor de séries aussi crédibles que The Wire, genre docu, ou que Breaking bad, dans l’exploration des zones grises ou crades de notre admirable pays, si tant est que des scénaristes et des dialoguistes (et des producteurs et peut-être même une industrie chocolatière du cinéma suisse ) existassent, ce qui manque un peu même à Zurich où, à ma connaissnace, le mémorable Grounding de Michael Steiner n’a pas eu de suite…