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  • Ceux qui sont du métier

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    Celui qui relit de l'Annie Ernaux pour donner la touche éthique à son roman socialement orienté / Celle qui dit qu'elle écrit comme Colette sans préciser laquelle / Ceux qui se rappellent que Gide n'avait pas vendu cent exemplaires des Nourritures terrestres après une année et en tirent un regain de courage / Celui qui affirme que son écriture est une dure lutte entre la méfiance et la confiance sans préciser que parfois c'est le contraire / Celle qui confie à Michel Drucker qu'après avoir été en crise elle est maintenant à un tournant /  Ceux qui prétendent que c'est leurs personnages qui commandent même quand ça la fout mal /  Celui qui a déjà trouvé le sujet de son premier roman mais pas encore le verbe ni le complément / Celle qui se sent proche d’entrer en « ascèse de création » / Ceux qui préparent leur « nouvelle campagne d’écriture » / Celui qui n’a pas de cancer à raconter mais une cousine castratrice et des collègues jaloux au Lycée Malraux / Celle qui ayant lu le dernier Gavalda s’exclame : « Et pourquoi pas moi ?! » / Ceux qui se lancent dans une intrigue échangiste avec les nouveaux voisins qu’ils développeront à quatre mains sur le papier genre sit com / Celui qui affirme que les concepts de fond et de forme sont obsolètes et ne jure plus que par le signifiant et le signifié dans les bars à cul où il trouve son inspiration postmoderne / Celle à qui sa mère a interdit de faire allusion à son père dans son roman trash sauf si elle change les prénoms / Ceux qui ont passé du syndrome de la feuille blanche à celui de la feuille morte /Celui qui a déjà prévu toutes ses réponses à François Busnel / Celle qui a trop à dire pour ne pas alerter son entourage de la Cité des Bleuets / Ceux qui estiment qu’un roman sera la meilleure relance de leur succès au karaoké et un plus au niveau de leur estime de soi / Celui qui a rodé son sujet en atelier et va le creuser à Capri / Celle qui a fait l’acquisition d’un IMac à écran 27 pouces pour que son roman explose / Ceux qui croient à la réincarnation du roman animalier / Celui qui est à la masse depuis que sa protagoniste Maud-Adrienne n’en fait qu’à sa tête / Celle qui se dit « sur la ligne » de Christine Angot en plus femen / Ceux qui ont fondé une assoce de jeunes romancières et romanciers afin d’échanger à tous point de vue et de faire front contre la critique établie des plus de 27 ans / Celui qui a lu tout Balzac et en reste au Chef-d’œuvre inconnu / Celle qui se cherche un agent performant / Ceux qui seront de la Grande Offensive de septembre / Celui qui estime qu’avec un roman de 2666 pages il peut faire aussi bien sinon mieux que Roberto Bolano ce Latino surestimé en Allemagne / Celle qui va river son clou à Jean-Patrick ça c’est sûr /  Ceux qui considèrent que le public ne mérite pas leur deuxième roman au vu du piètre accueil qu’il a réservé au premier / Celui qui a passé du roman à la nouvelle sans renoncer au Goncourt à long terme / Celle qui a intitulé Le Mystère d’Angkor son mélo minimaliste « à la Duras » qui se passe entièrement dans une chambre d’hôtel de Vesoul dont le seul ornement est un vieux chromo des fameux temples visiblement découpé dans un illustré des années 1920-30 avant d’être mis sous verre par quelque main inconnue – là gisant le mystère à la Modiano / Ceux qui évitent de surligner le sous-texte de leur roman fonctionnant sur le non-dit du pulsionnel, etc.